Deux anciens médecins ont déposé une plainte visant deux cadres du service néphrologie de l’hôpital lyonnais, qu’ils accusent d’avoir administré des molécules non autorisées pour traiter des patients sujets à des rejets de greffe. Le groupement hospitalier dément.

Un potentiel scandale sanitaire à l’hôpital Édouard-Herriot. Deux médecins lanceurs d’alerte dénoncent des essais cliniques illégaux dans une plainte déposée au pôle santé publique du parquet de Paris jeudi 10 avril, selon une information de France Info confirmée au Figaro. Anciens membres du service néphrologie de l’hôpital lyonnais, ils dénoncent des essais cliniques sauvages menés sur des patients transplantés à risque pour limiter les risques de rejet de greffe.

Un patient de 67 ans serait mort à la suite de l’administration de ce traitement non autorisé et quatre autres auraient vu leur état de santé se dégrader. Le groupement hospitalier des Hospices civils de Lyon (HCL) a démenti le lien entre le décès et la prise du médicament en question, survenue six mois plus tôt, assure-t-il. Dans un communiqué publié ce vendredi soir, il insiste sur l’existence d’un cadre légal à ces essais. 

La plainte a été déposée par deux médecins qui accusent leur hiérarchie d’avoir donné des traitements anti-rejet à la suite de greffes du rein sans avoir recueilli le consentement des patients et hors de tout protocole. «Ils se sont aperçus séparément d’anomalies dans les protocoles de soins dans le cadre de transplantations, explique leur avocate Me Christelle Mazza au Figaro. Il leur est ensuite devenu plus évident qu’un essai clinique parallèle avait été mis en place».

Essai clinique sauvage ?

Les faits se seraient déroulés en 2023 au sein du service néphrologie de l’hôpital Édouard-Herriot. Après une transplantation rénale, cinq patients décrits comme vulnérables et sujets à un risque de rejet élevé de greffe se sont vus administrer une association de basiliximab et de rituximab, précisément pour éviter le rejet. Or, ce dernier médicament ne dispose pas d’autorisation de mise sur le marché pour les patients en transplantation.

Le traitement ne respectait donc pas les règles de sécurité selon les médecins lanceurs d’alerte, qui pointent une mise en danger des patients par le chef de service et son adjoint. «Quand il y a un octroi sauvage de molécules non autorisées, il faut qu’il y ait des éléments laissant penser que le patient va aller mieux», pointe Christelle Mazza.

D’après l’avocate, les cadres du service auraient voulu tester cette combinaison de médicaments sans recueillir le consentement éclairé des malades ni faire valider la démarche collectivement comme cela est prévu, afin de gagner du temps dans leurs recherches.

Accusations de harcèlement

Les HCL répondent qu’il y a bien eu discussion collégiale et que les médicaments utilisés font l’objet d’expérimentations pour ce type de patients. «Parler de recherche ou d’essai clinique ici est faux. Les traitements évoqués dans l’article ne relèvent en aucun cas de la recherche, mais correspondent à des traitements de routine par immunosuppresseurs éprouvés depuis plus de 15 ans, largement documentés dans la littérature scientifique, assure le groupement hospitalier. Cette pratique, partagée par de nombreux services de transplantation en France, s’inscrit dans le cadre légal prévu pour les prescriptions hors autorisation de mise sur le marché.»

La plainte comporte par ailleurs des accusations de harcèlement moral et de harcèlement sexuel à l’encontre du chef de service et de son adjoint. Une plainte avait déjà été déposée à Lyon en décembre dernier pour «mise en danger de la personne, violences mortelles, non-assistance à personne en péril et pratique illégale d’investigation clinique». La ministre de la santé, Catherine Vautrin, a confirmé qu’une enquête était en cours au micro de France Info ce vendredi matin.