Alors que l’Iran avait assuré que les frappes américaines sur ses installations nucléaires n’avaient eu qu’un impact limité, voilà que le guide suprême Ali Khamenei, revient sur cette version et évoque « d’importants dégâts ».

En deux mots :

  • Le guide suprême Ali Khamenei admet des « dégâts importants » sur les sites nucléaires iraniens.
  • Abbas Araghtchi, ministre iranien des Affaires étrangères, dément de nouvelles négociations nucléaires.
  • L’Iran suspend sa coopération avec l’AIEA, suscitant l’inquiétude des chancelleries occidentales.
  • Les frappes israéliennes ont causé 627 morts en Iran, avec une riposte causant 28 décès en Israël.


​Les autorités iraniennes ont formellement démenti les propos de Donald Trump concernant de nouvelles discussions sur le programme nucléaire iranien. « Je voudrais dire clairement qu’aucun accord ou arrangement n’a été conclu en vue de commencer de nouvelles négociations. Il n’y a pas encore de plan », a déclaré jeudi le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghtchi, à la télévision d’État.


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Un sixième cycle de discussions, initialement prévu le 15 juin sous l’égide du sultanat d’Oman, avait été annulé à cause de la guerre déclenchée par une attaque israélienne sur l’Iran.




Frappes et représailles

La guerre de douze jours entre Israël et l’Iran a lourdement pesé sur le dossier nucléaire. Les États-Unis ont mené des frappes contre des installations nucléaires iraniennes en soutien à Israël. Pour le guide suprême Ali Khamenei, ces frappes n’ont eu qu’un effet limité. Le président américain a exagéré leur impact : « La République islamique l’avait emporté et, en représailles, infligé une gifle cinglante au visage de l’Amérique », a-t-il affirmé.

Pourtant, Abbas Araghtchi a reconnu jeudi soir des « dégâts importants » sur les sites visés. Les experts de l’Organisation de l’énergie atomique iranienne mènent actuellement une évaluation des destructions. « La discussion pour exiger des dommages » est désormais à l’agenda du gouvernement, a-t-il précisé.

Donald Trump a affirmé que l’Iran n’avait pas eu le temps d’évacuer ses stocks avant les frappes, ce que des experts contestent partiellement, estimant qu’environ 400 kg d’uranium enrichi à 60 % auraient pu être déplacés. Un rapport secret évoqué par CNN estime que les frappes n’auraient que temporairement ralenti le programme nucléaire, sans destruction des installations souterraines.




Une coopération avec l’AIEA remise en cause

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a fait savoir qu’elle n’était pas en mesure d’évaluer les dommages. Son directeur général, Rafael Grossi, a souligné que l’agence avait « perdu la visibilité » sur les stocks d’uranium enrichi dès le début des hostilités.

Dans ce contexte tendu, le Parlement iranien a voté la suspension de la coopération avec l’AIEA. Le Conseil des Gardiens a validé la mesure, qui doit maintenant être ratifiée par la présidence. « Désormais, notre relation et coopération avec l’Agence vont prendre une autre forme », a annoncé Abbas Araghtchi.

Vives réactions internationales

L’annonce iranienne a suscité l’inquiétude des chancelleries occidentales. Berlin a appelé à la préservation de la coopération avec l’AIEA, et Paris a exhorté Téhéran à reprendre « sans délai la voie du dialogue ». Le président Emmanuel Macron a mis en garde contre une éventuelle sortie de l’Iran du Traité de non-prolifération nucléaire, qualifiée de « pire scénario ».

Bilan humain de la guerre

Les conséquences humaines de ce nouveau conflit sont lourdes : les frappes israéliennes ont fait au moins 627 morts et plus de 4.870 blessés côté iranien. La riposte iranienne, avec tirs de missiles et drones, a causé 28 décès en Israël. Dans les rues de Téhéran, les habitants oscillent entre soulagement et méfiance. « Je pense que la paix persistera du côté de l’Iran, mais les Israéliens n’ont jamais tenu leur parole », a commenté Saeed, un vendeur de 39 ans.

Le général de brigade israélien Effie Defrin a estimé que l’opération avait « porté un coup dur » au programme nucléaire iranien, tout en reconnaissant qu’il était « encore tôt pour évaluer les résultats ».