La visite d’État de Nayib Bukele revêt également un enjeu économique, puisque le Salvador est frappé par les nouveaux droits de douane de Donald Trump, à hauteur de 10%.

Le président du Salvador Nayib Bukele sera reçu lundi par son homologue américain Donald Trump, a indiqué la Maison Blanche, au moment où les deux pays renforcent leur coopération en matière de lutte contre l’immigration illégale.

M. Bukele a accepté que plus de 250 personnes expulsées des États-Unis soient incarcérées au Salvador, dans le gigantesque centre de confinement du terrorisme (Cecot), prison qu’il a fait construire dans le cadre de sa guerre contre les gangs.

La grande majorité de ces individus sont des Vénézuéliens, accusés par l’administration Trump d’être membres de la redoutable organisation criminelle internationale Tren de Aragua. Des groupes de défense des droits humains ont dénoncé pour leur part des «disparitions forcées et des détentions arbitraires», alors que M. Trump a utilisé une loi du XVIIIe siècle, normalement utilisée en temps de guerre, pour chasser ces immigrés.

Un enjeu économique

Les deux présidents «vont discuter du partenariat avec le Salvador, au niveau de l’utilisation de leur mégaprison pour les gangsters du Tren de Aragua et de la MS-13, et de la façon dont la coopération du Salvador avec les États-Unis est devenue un modèle pour les autres», a expliqué à la presse la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt.

La visite d’État de Nayib Bukele revêt également un enjeu économique: le Salvador a reçu six millions de dollars de la part de Washington pour avoir accepté d’emprisonner sur son sol ces criminels présumés. «C’est peu pour eux mais beaucoup pour nous», s’était félicité M. Bukele.

Mais le petit pays d’Amérique centrale reste malgré cela frappé par les nouveaux droits de douane de Donald Trump, à hauteur de 10%. Selon la Banque centrale du Salvador, près d’un tiers de ses exportations – en valeur – vont vers les États-Unis, ce qui représente 2,1 milliards de dollars pour des produits tels que le textile, le sucre ou le café.

Quelque 2,5 millions de Salvadoriens vivent aux États-Unis, selon les chiffres du gouvernement américains. Les renvois d’argent de ces expatriés ont pesé pour 23% du PIB de leur pays d’origine en 2024, soit 8,5 milliards de dollars, d’après la Banque centrale. Ces «remises» se sont accélérées (+14%) en janvier et février par rapport à la même période en 2024 en raison des vagues d’expulsions des États-Unis, estiment des économistes.