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Les Bleus, vice-champions olympiques, accueillent Chypre ce dimanche 24 novembre dans le cadre des qualifications pour l’Euro-2025. Soit le dernier rendez-vous en qualité de président de la FFBB pour Jean-Pierre Siutat, qui va passer la main d’ici quelques jours après 14 ans à la tête du basket tricolore.

Que retenez-vous de ces 14 années de présidence ?

J’ai démarré il y a 28 ans au sein de la fédération, en 1996, avec un championnat d’Europe juniors organisé à Auch, Lourdes et Tarbes. J’ai pris la présidence en 2010, donc ça fait 28 ans au service du basket fédéral. Ce que je retiens, en tant qu’ingénieur de métier, c’est d’avoir bâti. Entre le 5×5 et le 3×3, les différentes équipes de France ont récolté plus de 120 médailles sur la scène internationale depuis 2010. Ça, c’est pour la performance, avec une belle progression. Les trois médailles (d’argent) obtenues aux Jeux démontrent qu’on n’est pas très loin des Etats-Unis, le top du niveau mondial. Et sur le champ du développement, la FFBB a quasiment gagné 300 000 licenciés supplémentaires (de 460 000 à 766 000, source FFBB). On est le 4e sport en France, derrière le football, le tennis et l’équitation. Ce sont des choses à mettre aux crédits des équipes.

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Lors de la prochaine AG élective, le 14 décembre, il ne fait guère de doute que votre bras droit Jean-Pierre Hunckler va prendre votre suite, pourquoi n’y a-t-il pas, dans le basket, un vrai débat comme on a pu le voir dans le rugby ?

La FFBB, depuis 1992 est relativement stable avec dans un premier temps Yvan Manini, qui a été un très grand président. Je pense avoir marqué aussi durant quatorze ans le basket français. Il y a toujours des gens insatisfaits, et c’est tout à fait normal, mais il y a une stabilité dans cette fédération qui tient à l’ambiance de travail, à l’abnégation de l’équipe dirigeante qui, je l’espère, continuera d’avoir cette manière de faire. La loi de mars 2022 impose un vote direct des clubs, il y a des élections, il faut les respecter.

Par rapport à d’autres fédérations, le basket est relativement épargné par les polémiques, comment l’expliquez-vous ?

On essaie de faire du bon boulot, comme dans beaucoup de fédérations. On met souvent, ci et là, quelques affaires en avant dans d’autres fédérations mais ça ne veut pas dire que la totalité du système sportif fédéral ne fonctionne pas. Je reste très, très humble sur ce sujet. L’aspect médiatique rentre également en compte : dès qu’il se passe quelque chose dans le foot, par exemple, il y a une caisse de résonance qui est énorme.

« Repartir sur un nouveau cycle »

En quatorze ans, vous avez quand même bénéficié de sacrées têtes de gondole pour le basket : Céline Dumerc, Isabelle Yacoubou, Tony Parker et maintenant Victor Wembanyama…

Dans le cadre de notre mission de performance, on se doit d’être sur les podiums internationaux. C’est clair que d’avoir des filles, des gars, qui se mobilisent pour le maillot bleu, c’est juste super. Et le boulot fédéral, c’est de proposer un cadre optimal pour que ces gens puissent performer. Une fédé, c’est un tout. Victor, c’est l’avenir, mais il ne sera pas le seul quand voit les Risacher et autres qui arrivent… Et chez les filles aussi, on a normalement quelques belles années devant nous.

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La réussite du basket tricolore, c’est aussi le nombre de joueurs français en NBA (15 au début de la saison), non ?

Ce sont surtout des satisfactions personnelles pour les joueurs concernés. Nous, ce qu’on aimerait c’est surtout qu’ils puissent venir plus facilement en équipe nationale. Oui, la NBA c’est bien. Mais on voudrait avoir les joueurs plus à disposition, ce qui n’est pas le cas systématiquement. Chaque année, il faut qu’on se penche sur le sujet. Les qualifications pour les compétitions internationales, on les fait sans les joueurs NBA. Heureusement que nous avons un réservoir, une profondeur, qui nous permet de gagner les matchs. Mais imaginez la même situation au foot, ce serait inconcevable alors que chez nous, c’est la normalité.

Au moment de quitter la scène, Vincent Collet lui aussi se retire et c’est désormais Frédéric Fauthoux qui a pris la relève, pourquoi ce choix ?

Vincent a fait une carrière exceptionnelle, et il fallait repartir sur un nouveau cycle avec une jeune génération. Le choix s’est porté sur Frédéric Fauthoux, on souhaite qu’il réussisse. Il a un championnat d’Europe à préparer cet été. Que Vincent et moi partions au même moment, ce n’est pas du tout coordonné, c’est une pure coïncidence. Ce qui est bien, c’est qu’il y a une continuité dans le travail staff puisque Boris Diaw reste manager général.

« La reconversion de Boris Diaw et Céline Dumerc, une réussite »

Boris Diaw chez les garçons, Céline Dumerc au même poste chez les filles, les anciens s’impliquent…

C’est qui est bien avec ces deux champions, c’est qu’ils ont pris la mesure des fonctions. Avoir été un grand joueur c’est une chose, manager une équipe de France, c’en est une autre et je trouve que leurs reconversions sont de vraies réussites.

En saura-t-on un jour un peu plus sur la nature de votre clash avec Evan Fournier lors des derniers Jeux, quand vous auriez fait part de votre honte sur le jeu des Bleus après une entame de tournoi très poussive ?

Je n’ai aucun commentaire à faire sur le sujet, comme je l’ai déjà dit. On s’en fout, il faut passer à autre chose.

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La suite, pour vous, après la fédération, quelle est-elle ?

Moi j’ai terminé, j’ai fait mon temps, il me reste encore six mois au CNOSF (dont il est vice-président, Ndlr) et je vais laisser ma place. Je n’ai plus aucune ambition nulle part. Tout va très bien pour moi. En 2020, j’avais dit que j’arrêterais en 2024. Je prépare quelqu’un en espérant qu’il prenne le pilotage de la fédération. Pour faire du bon travail, il faut pouvoir anticiper, le tuilage, la transmission, c’est tout aussi important que l’action à mes yeux.