Dans son premier Livre blanc, l’association LaFA dévoile une série de recommandations pour protéger un secteur «marqué par des asymétries réglementaires entre les médias traditionnels et les plateformes internationales».
L’association réunissant les grands acteurs de la filière audiovisuelle (TF1, France Télé…) a dévoilé vendredi une série de recommandations pour «protéger» l’exception culturelle française face à la concurrence des plateformes. Dans son premier Livre blanc, l’association LaFa, créée en novembre, estime que l’équilibre du secteur et ses «12,6 milliards d’euros de valeur ajoutée» sont «fragilisés» par le poids croissant de plateformes qui ne sont pas soumises aux mêmes contraintes réglementaires.
«L’équilibre du secteur est fragilisé par sa confrontation aux mutations du marché, marqué par des asymétries réglementaires entre les médias traditionnels et les plateformes internationales», indique l’association, qui inclut également les principales organisations de gestion collective des droits (Sacem, Adami…). La filière plaide ainsi de nouveau pour la levée des «restrictions» qui encadrent la publicité pour la grande distribution sur les chaînes de télévision, où les spots vantant les promotions sont interdits. «Cette interdiction est une spécificité française qu’aucun autre pays européen n’applique», affirme le document de quelque 130 pages.
La suppression de la redevance critiquée
Selon ce Livre blanc, les revenus publicitaires numériques captés par les plateformes comme YouTube ne participent par ailleurs pas au financement de la création, auquel les chaînes traditionnelles sont tenues de contribuer. LaFa appelle également l’État à assurer à l’audiovisuel public un financement «dynamique, pérenne et prévisible indispensable au maintien de son indépendance et à l’accomplissement de ses missions (…) d’intérêt général». Le rapport estime que la suppression de la redevance en 2022 a «fragilisé» le modèle économique de l’audiovisuel public, dont les dotations provenant de l’État ont par ailleurs été réduites de 500 millions d’euros, en euros constants, entre 2015 et 2023.
«Des engagements pluriannuels sont notamment nécessaires car ils permettent une prévisibilité budgétaire indispensable aux équilibres de l’écosystème de la filière», exhorte le rapport, publié alors que l’Assemblée nationale examine lundi et mardi un projet contesté de création d’une holding regroupant les médias de l’audiovisuel public. «Le besoin de lutter contre la désinformation et de protéger l’exception culturelle française plaide désormais pour la sécurisation du niveau de financement de l’audiovisuel public», affirme le texte.