Deux juges d’instruction ont ordonné un procès devant le tribunal correctionnel pour ces faits qui remontent à la mi-novembre 2023, selon cette source proche du dossier, qui confirmait une information de l’émission de France 2 Complément d’enquête.

Le sénateur centriste est soupçonné d’avoir dilué de la MDMA à 91,1% pure dans un verre de champagne pour en faire consommer à sa collègue du Parlement afin, d’après l’ordonnance des juges dont l’AFP a eu connaissance, « de commettre un viol ou une agression sexuelle ».

Il sera aussi jugé pour détention de stupéfiants.

« Joël Guerriau conteste les faits qui lui sont reprochés », ont réagi ses avocats, Henri Carpentier et Marie Roumiantseva. « L’enceinte judiciaire sera le lieu de la vérité, loin des caricatures et rumeurs propagées jusqu’à présent. M. Guerriau ne craint pas la vérité: il la souhaite », ont-ils insisté.

« Mme Josso est soulagée de cette décision qui reflète tout le sérieux de sa plainte », a de son côté commenté son avocat, Arnaud Godefroy. « Les deux juges d’instruction ont mené cette enquête de façon rigoureuse et ont mis en évidence toutes les contradictions de Monsieur Guerriau », a-t-il estimé.

La soumission chimique consiste en l’administration de substances psychoactives à une personne, à son insu, à des fins notamment d’agression et de viol.

Le 14 novembre 2023, Mme Josso, députée MoDem de Loire-Atlantique aujourd’hui âgée de 49 ans, s’était rendue au domicile parisien de son « ami politique » – comme elle l’a décrit au cours de l’enquête devant les magistrats – qui célébrait sa réélection.

Seule invitée, elle en était ressortie avec 388 ng/ml d’ecstasy dans le sang, d’après les analyses toxicologiques dont l’AFP a eu connaissance. Une dose « approchant le double » de la quantité dite récréative, avait souligné le parquet.

Ces analyses montraient aussi une absence de stupéfiants pendant les sept mois qui ont précédé cette soirée. Comment Mme Josso s’est-elle retrouvée, ce soir-là, avec autant d’ecstasy dans le sang ?

Dans ce dossier, l’absorption de drogue et ses effets délétères sur Mme Josso, qui souffre un an après d’un stress post-traumatique, ne semblent pas discutés. Tout l’enjeu reposait sur l’intention.

Or les magistrats ont tranché: si « aucun geste d’intimité ou à caractère sexuel n’a été relaté » au cours de cette soirée, les agissements de M. Guerriau, décrits par la plaignante, étaient « compatibles avec ceux d’une personne ayant une intention sexuelle ».