Par
Jessie Leclerc
Publié le
27 juin 2025 à 18h42
Alors que la Fête Viking de Jumièges, près de Rouen (Seine-Maritime), promet deux jours d’animations immersives dans les ruines de l’abbaye, une controverse éclate autour des spectacles de rapaces. L’association PAZ dénonce leur tenue jugée contraire au bien-être animal. Une affaire qui a fini par franchir les portes de la gendarmerie. On vous explique.
Un week-end dans l’époque Viking
Cette grande fête des 28 et 29 juin 2025 est organisée par le comité des fêtes Jumié-Joies en Fête et le Département de la Seine-Maritime, en partenariat avec la commune de Jumièges et l’association Les Enfants de Rollon.
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Un week-end riche en animations : reconstitutions, ateliers, marché, combats de béhourds, banquet… et, au cœur de la polémique, trois spectacles de fauconnerie par jour.
« Ce genre de spectacle est dépassé »
Si la loi autorise jusqu’en 2028 la présentation publique d’animaux sauvages, PAZ appelle à y renoncer dès maintenant. « Ce genre de spectacle est dépassé et ne devrait plus exister en 2025. Plus de deux tiers des fêtes médiévales avaient déjà arrêté en 2023 », affirme Amandine Sanvisens, fondatrice de l’association nationale.
« Déjà, ça n’a rien à faire là historiquement, car il n’y en avait pas au Moyen Âge. Seuls les très riches possédaient des rapaces, pour la chasse uniquement. Et il peut y avoir de très belles fêtes médiévales, sans animaux sauvages, comme à Rouen. »
« Des animaux exhibés »
Un des problèmes avancé concerne le transport des animaux : « Les compagnies font parfois plusieurs centaines de kilomètres, c’est très épuisant. »
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Elle déplore aussi les conditions d’entraînement des oiseaux, « souvent privés de nourriture pour obéir » ainsi que le non-respect de leurs besoins spécifiques. « Ces spectacles utilisent parfois des animaux nocturnes, comme des chouettes, que l’on force à rester éveillées la journée », s’indigne-t-elle.
Selon elle, même entre deux représentations, les oiseaux sont « exhibés, une situation jugée anxiogène et incompatible avec leurs besoins naturels ».
Des organisateurs « convaincus du bien-être animal »
Face à ces accusations, les organisateurs assurent avoir pris toutes les précautions nécessaires : « On comprend, on s’est posé la question au moment de l’organisation ».
« On a échangé sur le sujet et sélectionné un prestataire qui nous a convaincus du bien-être animal. Il a fait plus de 200 km pour venir jusqu’ici au préalable pour vérifier que l’accueil se ferait dans de bonnes conditions », défend Michaël Bidaux, trésorier du comité Jumié-Joies en fête et adjoint au Maire.
Les animaux ne seront pas sur le barnum, mais exposés en clairière dans la forêt à l’ombre avec 100 litres l’eau par jour.
Michaël Bidaux
Trésorier du comité Jumiè-Joies en fête, et adjoint au Maire de Jumièges en charge des finances
Il affirme que les animaux seront protégés dans un périmètre sécurisé et que l’organisation tient compte également de la faune locale, comme les chauves-souris présentes sur le site.
Mais pour l’association PAZ, c’est un écran de fumée :
En dehors des spectacles, les rapaces ne volent pas et sont maintenus attachés. Ils doivent pourtant pouvoir chasser, voler librement sans contrainte, être dans leur environnement naturel : montagne, forêt…
Amandine Sanvisens
Fondatrice de l’association PAZ
De leur côté, les organisateurs sont convaincus tout faire pour que les oiseaux se sentent bien. « Les animaux peuvent être stressés, mais ils ne sont pas mal traités », tiennent à préciser Michaël Bidaux.
« Propos injurieux » : une affaire portée devant la gendarmerie
L’affaire prend une autre tournure lorsqu’un des membres de l’organisation reçoit un appel virulent, qui proviendrait de l’association PAZ. « La personne a été très problématique, elle a tenu des propos injurieux et dit ‘On va vous taper’ ».
Sans pour autant porter plainte, la mairie et le comité en ont informé la gendarmerie. L’association assure pourtant ne pas être à l’origine de cette altercation. « Je n’en ai pas entendu parler. Je ne sais pas de quoi il s’agit, mais nous ne tolérons pas ça », explique Amandine Sanvisens.
« Je déplore ceci. Nous n’échangeons que par mail ou visioconférence, dans l’unique but de sensibiliser de façon calme et constructive. »
En tout cas une chose est sûre, les organisateurs ne comptent pas faire marche arrière : « Ces spectacles plaisent au public, ils sont particulièrement attendus. Le prestataire choisi est sérieux et soucieux du bien-être de ses animaux. Il n’y a pas de problème. »
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