Un urticant fléau. En 20 ans, l’Aedes albopictus, plus connu sous le nom de moustique-tigre, est devenu la bête noire de nos étés, et au-delà. Arrivé en France par Menton, où sa présence a été constatée pour la première fois en 2004, l’insecte a depuis colonisé le département… et près de 100 % du pays.

Nuisible, il est capable de gâcher nos fins de journées par ses piqûres (il attaque surtout dès 17 h). « Mais il a aussi un rôle de vecteur, en transmettant des maladies qui ne sont pas sur notre territoire. À l’instar de la dengue, du chikungunya ou du virus Zika, très présents en outre-mer », rappelle Christelle Pomares, professeure de parasitologie-mycologie au sein du CHU de Nice.

Ce vendredi 27 juin, la scientifique était aux côtés du maire de Nice et du directeur Paca de l’Agence régional de santé (ARS) pour présenter un plan anti-moustique innovant, mis en place par la 5e ville de France. Objectif: contrer la prolifération du redoutable « tigre » constatée dans la ville et « faire en sorte qu’il n’y ait plus de moustiques d’ici 5 ans », espère même le maire.

Voici 7 informations à retenir au sujet de ce plan.

#1 Un monitoring innovant dans les quartiers infestés

À Nice, 4 drôles de placards investissent les quartiers les plus infestés: « la colline du château, le mont Boron, le port et Cimiez », dixit le maire. Il s’agit de pièges high-tech, destinés à compter les moustiques-tigres. Aux arènes de Cimiez, l’un d’entre eux a pris place près du snack. L’équipement diffuse du CO2 pour attirer les femelles – responsables des piqûres. Grâce à un leurre olfactif sucré, l’insecte est ensuite dirigé vers un entonnoir.

« Une fois qu’il le traverse, un algorithme nourrit par l’intelligence artificielle catégorise son espèce, différencie son genre, relève lieu et heure de capture… Des infos qui remontent en temps réel dans une appli », détaille Hamza Leulmi, entomologiste chez Rentokil initial, l’entreprise qui développe la solution. Enfin, un filet retient les piégés.


Ces pièges innovants débarquent à Nice et sont capables de recenser les moustiques-tigres à l’aide de l’intelligence artificielle. Ici, celui des Arènes de Cimiez. Photo ville de Nice.

#2 Un vaste réseau de pièges, évolutif selon le diagnostic

Outre un réseau déjà installé par l’ARS dans le centre, Nice déploie 60 nouveaux petits pièges « pondoirs passifs ». « Imitant un lieu de ponte, ils visent à réduire le nombre de moustiques et leur progéniture », explique la Ville.

#3 Un appel à la participation citoyenne

Pour tenter d’éradiquer le nuisible, la ville compte sur les Niçois. Faire la chasse aux eaux stagnantes dans les coupelles, bâcher ses réserves d’eau, curer ses gouttières, élaguer… font partie du B.A.-BA.

« Lorsqu’ils ont l’impression d’une invasion, je demande avec force aux citoyens de nous le signaler pour qu’on agisse », lance le maire, qui peut diligenter des traitements ciblés. Les résidents de zones infestées pourraient même se voir contactés et dotés de pièges, au cas par cas.

Signalement par mail à 3906@nicecotedazur.org, par téléphone au 3906 ou via l’appli mobile AlloMairie.

#4 Des eaux usées scrutées pour détecter les virus

Comment pendant la pandémie de Covid-19, la municipalité s’adjoint les services des marins-pompiers de Marseille. Leur mission : analyser chaque semaine les eaux usées de la ville et traquer la présence d’éventuels virus, transmis par des « tigres ».

#5 De la détection à l’aide… d’un chien renifleur!

Plus original, la Ville, via son Agence de sécurité sanitaire, fait appel à un chien de l’Institut national d’études et de lutte contre la punaise de lit, dressé pour renifler… les œufs de moustiques-tigres! « Une convention va être signée pour le faire intervenir, y compris l’hiver quand les œufs sont en sommeil », indique Véronique Borré, cheffe de l’agence.

#6 Une campagne de sensibilisation pour tous

Nice accueille ce samedi et ce dimanche la campagne à vélo « Mission zéro moustique », pilotée par l’ARS, avec le Comité départemental d’éducation pour la santé. Les enfants des centres de loisirs, puis des écoles dès la rentrée, seront aussi sensibilisés avec des jeux.

#7 De la recherche scientifique dédiée au CHU

À Nice, les données collectées serviront aux épidémiologistes et parasitologues du CHU de Nice. La Ville finance aussi une thèse sur le sujet, mené par un étudiant venu du Niger et tutoré par Pascal Delaunay, expert du moustique-tigre sur la Côte d’Azur. Résultats attendus pour 2027.

D’autres tests devraient voir le jour dans les années à venir: « Comme des lâchers de moustiques mâles stériles ou infectés par la bactérie Wolbachia qui permet d’éviter la transmission des virus », fait savoir Christian Estrosi. En 2025, Nice investit 190 000 euros dans cette lutte acharnée.

Les piscines mal entretenues dans le viseur de la mairie

Haro sur l’eau verte! Ce vendredi 27 juin, le maire de Nice a annoncé plancher sur un arrêté visant à sanctionner les Niçois qui n’entretiendraient pas leur piscine. Si le chlore est un répulsif pour les moustiques-tigres, les eaux stagnantes non traitées sont plutôt des incubateurs géants. La finalisation du texte pourrait intervenir dans les deux semaines à venir.