Par

Lucie Fraisse

Publié le

12 avr. 2025 à 9h12

Dans quelques semaines, le restaurant Si ma cantine m’était contée va ouvrir aux Izards, à Toulouse, à deux pas de la station de métro des Trois Cocus. Un restaurant pas comme les autres, puisqu’il est porté par des habitantes du quartier qui veulent développer un projet de cantine à la fois gourmande, locale et solidaire. Une opération de financement participatif est en cours pour payer les derniers aménagements. Ce qu’il faut savoir sur cette initiative.

« Une question de justice et de dignité »

C’est l’association Au cœur de ma cantine, créée par Yamina Aïssa Abdi et Khadija Gueye, qui a lancé ce projet de restaurant, avec le soutien d’habitants des Izards-Trois Cocus. Avec l’idée de faire un lieu de vie et de rencontres au cœur du quartier, tout en favorisant l’insertion des femmes par la cuisine et en promouvant le bien manger.

« C’est une question de justice et dignité : tout le monde doit pouvoir accéder à une alimentation de qualité, détaille Yamina Aïssa Abdi. Ici, il y a beaucoup de femmes qui développent des maladies cardiovasculaires, on a aussi remarqué que depuis le covid, de nombreux jeunes ont tendance à prendre du poids… Dans les quartiers, il y a surtout des kebabs et des pizzerias. Les établissements de qualité sont au centre-ville et ce n’est pas juste ! »

« Un resto aux Izards ? Tu te fous de moi? »
Le projet est porté par des habitants du quartier des Izards-Trois cocus.
Le projet est porté par des habitants du quartier des Izards-Trois cocus. (©DR)

Le projet d’un restaurant dans lequel des chefs puissent cuisiner avec des habitants du quartier commence à émerger en 2020 et se monte avec le soutien de Toulouse métropole et de l’incubateur Première brique, du centre social des Izards-Borderouge, du Tactikollectif… Et un petit coup de pouce du destin.

« À la base, je ne connais rien à la restauration ! raconte Yamina Aïssa Abdi. Et puis un jour, je discute sur Linkedin avec un jeune du quartier en lui expliquant qu’on va créer un restaurant. Il me dit ‘un resto aux Izards ? Tu te fous de moi?’ « 

Cette discussion est repérée par Kevin Musset, chef exécutif au Soulier et Aux Pieds sous la table, deux restaurants de Toulouse. « Il m’a contactée en me disant qu’il habitait le quartier et qu’il voulait nous accompagner, le timing était parfait, la plus-value énorme pour le projet. »

Un chef et des habitants du quartier en cuisine 

L’aventure a débuté avec des cantines éphémères organisées chaque mois pour mettre en avant le talent des cuisinières du quartier. Dans quelques semaines, c’est donc dans un local tout neuf mis à disposition par Toulouse métropole, que l’histoire va perdurer, de manière pérenne.

Le recrutement d’un chef est en cours. Il sera accompagné en cuisine d’habitants du quartier bénévoles, qui veulent apprendre à cuisiner. Les lieux serviront aussi de restaurant d’application.

« On veut valoriser les métiers de la restauration, souligne Yamina Aïssa Abdi. Il y a pleins de jeunes qui sont en décrochage dans le quartier, on peut faire naître des vocations avec un lieu comme celui-ci. »

Café le matin, repas le midi… 

On sera ouvert sur une large plage horaire : pour un café le matin, un repas le midi, pour des activités associatives l’après-midi, des événements culturels le soir… L’idée, c’est de proposer un plat aux alentours de 9 euros, un menu pour les jeunes à 10 euros… Avec une cuisine gourmande, antigaspi et locale.

Yamina Aïssa Abdi

Car c’est là une autre particularité de Si ma cantine m’était contée : les recettes seront concoctées à partir d’aliments de la ferme Borde bio, située dans le quartier. Des distributions de paniers de produits frais seront aussi organisées au resto.

Une opération de financement participatif 
Le nouveau restaurant situé au 2 chemin des Izards, dans un bâtiment tout neuf, va ouvrir en mai.
Le nouveau restaurant situé au 2 chemin des Izards, dans un bâtiment tout neuf, va ouvrir en mai. (©actu.fr/L.F.)

Pour payer les derniers aménagements du restaurant, une opération de financement participatif a été lancée en ligne. Objectif : récolter 10 000 euros, notamment pour acheter du matériel et des équipements de cuisine.

L’ouverture de cette cantine gourmande et solidaire est prévue en mai. Avec l’espoir que Si ma cantine m’était contée serve de vitrine positive aux Izards.

« C’est un lieu ouvert à tout le monde, il faut que les bobos du centre-ville viennent y manger, rigole Yamnia Aïssa Abdi. On veut valoriser ce quartier qui a complètement changé. »

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