Par&nbspVincent Reynier&nbsp&&nbspAP

Publié le 27/06/2025 – 19:40 UTC+2•Mis à jour
19:56

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Les députés allemands ont voté vendredi en faveur de la suspension du droit au regroupement familial pour les migrants qui ne bénéficient pas d’un statut d’asile à part entière, dans le cadre du durcissement de la politique migratoire voulu par le chancelier Friedrich Merz.

La chambre basse du Parlement allemand a voté par 444 voix contre 135 en faveur de la suspension du regroupement familial pour les personnes bénéficiant d’une « protection subsidiaire ».

Ce statut est accordé aux migrants autorisés à rester parce que leur pays d’origine est trop dangereux, même s’ils ne sont pas officiellement reconnus comme des réfugiés.

À la fin du mois de mars, plus de 388 000 personnes en Allemagne, principalement des Syriens, bénéficiaient du statut de protection subsidiaire.

Briser un « modèle commercial » pour les trafiquants d’êtres humains

La nouvelle législation suspend les règles introduites en 2018 qui permettaient à un maximum de 1 000 proches parents par mois de rejoindre les migrants bénéficiant de ce statut.

Jusqu’à présent, les autorités allemandes prenaient des décisions au cas par cas basées sur des motifs humanitaires, plutôt que d’accorder un droit automatique au regroupement familial.

La nouvelle loi n’affectera pas les migrants qui ont obtenu l’asile ou qui sont reconnus comme réfugiés en vertu de la Convention de Genève.

Le ministre allemand de l’Intérieur, Alexander Dobrindt, affirme que ce changement réduira le nombre de personnes pouvant venir en Allemagne d’environ 12 000 par an et « brisera un modèle commercial » pour les trafiquants d’êtres humains.

« De nombreuses personnes savent qu’elles n’obtiendront pas le statut de réfugié à part entière, mais elles se dirigent tout de même vers l’Allemagne parce qu’elles savent que, même si elles n’ont pas le statut de réfugié, elles peuvent faire venir leur famille plus tard », déclare le ministre.

« Cela crée un facteur d’attraction important, et aujourd’hui, nous éliminons ce facteur d’attraction », poursuit Alexander Dobrindt, tout en indiquant que « la capacité d’intégration du pays a tout simplement une limite ».

Premier durcissement de la politique migratoire du gouvernement de Friedrich Merz

Les sociaux-démocrates (SPD), l’un des partis membres de la coalition gouvernementale de Friedrich Merz, ont exprimé des inquiétudes au sujet de la législation, mais l’ont finalement acceptée dans le cadre d’un compromis politique.

La ministre allemande des Migrations, des Réfugiés et de l’Intégration, Natalie Pawlik, a reconnu le malaise au sein de son parti en déclarant que « l’intégration fonctionne mieux lorsque les familles sont réunies ».

Elle a toutefois ajouté que le SPD soutiendrait la mesure, notant qu’elle ne s’applique pas aux cas dits « difficiles » et qu’elle est limitée à deux ans.

Le projet de loi approuvé vendredi est la première législation sur l’immigration adoptée depuis l’entrée en fonction de Friedrich Merz. Son gouvernement s’est engagé à durcir les procédures d’entrée en Allemagne face à la pression croissante de l’opinion publique.