À 36 ans, l’enfant de Chéraute raccroche les crampons avant d’enfiler la tenue d’entraîneur à l’Aviron. Cet été 2025 sera inédit pour le désormais ex-demi d’ouverture international (28 sélections).
À l’issue de la demi-finale contre le Stade Toulousain, vous avez réalisé que c’était votre « der » ?
Forcément, ça a été un moment spécial. Je n’ai pas vraiment réalisé et je pense que je ne m’en rends pas encore compte…
À 36 ans, l’enfant de Chéraute raccroche les crampons avant d’enfiler la tenue d’entraîneur à l’Aviron. Cet été 2025 sera inédit pour le désormais ex-demi d’ouverture international (28 sélections).
À l’issue de la demi-finale contre le Stade Toulousain, vous avez réalisé que c’était votre « der » ?
Forcément, ça a été un moment spécial. Je n’ai pas vraiment réalisé et je pense que je ne m’en rends pas encore compte. C’est tout frais, et surtout, on a été éliminés, déçus. C’était avant tout la fin de saison de l’équipe, du groupe. Je suis encore dans cette dynamique. C’est à la reprise, quand les copains vont remettre les crampons pour aller s’entraîner, que je vais marquer le coup.
Dernière accolade sous le regard de ses enfants.
Aviron Bayonnais
D’ici là, l’intersaison sera inédite…
C’est sûr. J’ai toujours fait attention, d’autant plus que j’avais un profil un peu atypique. Après, ça fait des années que j’étais dans le circuit et quand tu sors des saisons pleines avec pas mal de matches comme j’ai eu la chance de faire, j’étais content de couper l’été même si je savais qu’il y avait une « prépa » derrière et que j’allais en baver parce que ce n’est pas la partie que je préférais. Cette année, je n’aurais pas à me dire dans un coin de ma tête « fais attention, tu vas devoir courir à la reprise fin juillet ». Je serai plus libéré de ce côté-là, mais ça ne veut pas dire non plus que je peux me permettre de faire n’importe quoi.
Qu’avez-vous prévu pour cet été ?
Du basique avec des vacances en famille. Après, avec les copains et mon entourage, on va faire le fameux programme de l’été : les fêtes de Pampelune, de Bayonne… Je vais pouvoir profiter plus facilement de ces événements.
Une demi-finale avec l’Aviron, est-ce que c’est la saison presque rêvée pour votre dernière ?
On peut rêver mieux, l’idéal, ça aurait été qu’on monte à Paris (rires), mais cette saison est extraordinaire. Arriver en demi-finale avec ce club, franchement, c’était inespéré quand j’ai débarqué il y a trois ans : l’Aviron venait de remonter de Pro D2 après avoir fait pas mal le yo-yo avec le Top 14.
On ne s’imaginait pas vivre cette aventure mais, quand tu vois l’évolution du club ces trois dernières années, que ce soit au niveau de l’effectif, des infrastructures avec le centre d’entraînement, le stade qui prend une autre dimension… Le Top 14, c’est tellement complexe que ce n’était pas logique que l’Aviron soit à cette place-là mais on s’est donné le droit de rêver en étant 4e une bonne partie de la saison.
Camille Lopez en mars 2013 sous les couleurs de l’Union Bordeaux-Bègles.
AFP
Votre bilan à Bayonne est plus que positif…
Oui, que ce soit sur un plan personnel et surtout collectivement. L’important, c’est le collectif, le club, l’institution. Ces trois dernières années sont positives, maintenant, le plus dur reste à faire : rester régulier, dans des standards de niveau élevé. On a goûté aux phases finales, le but ce serait que le club en revive un maximum. Mais, je connais la complexité de ce Top 14 et on a l’exemple parfait cette saison avec le Stade Français, demi-finaliste 2024 et qui a fini à deux doigts de jouer un acces-match (pour le maintien, NDLR).
Ce championnat, il est fou, la difficulté sera de trouver cette forme de constance comme le font les grands clubs. On a été capable de le faire une fois, il va falloir le reproduire même si on ne peut pas encore se comparer à des équipes comme le Stade Toulousain ou Bordeaux-Bègles. J’espère qu’un jour on pourra se dire en commençant le championnat que « si on est sérieux, normalement, on va être dans les six », mais on n’est pas encore à ce niveau-là. C’est pour ça qu’il faut faire attention, on peut être vite remis à d’autres places.
Camille Lopez, ici lors du Tournoi des six nations 2017 où il a terminé meilleur réalisateur avec 67 points.
AFP
Pour un Souletin, c’est d’autant plus satisfaisant d’avoir fini à Bayonne avec un tel bilan ?
Avec ma femme, on est du même village. On avait à cœur de rentrer au Pays basque pour que nos enfants y vivent ce qu’on a vécu même si ça a évolué et que c’est différent. On voulait qu’ils retrouvent ces valeurs qu’on a au Pays basque et pour moi, c’était important de jouer ici dans le monde professionnel avant de m’arrêter. J’ai eu la chance d’intégrer ce club qui a un gros ancrage dans le territoire et des ambitions. Certaines personnes s’imaginaient que Camille Lopez allait venir en préretraite à l’Aviron Bayonnais. Or, j’ai toujours été compétiteur, avec du mental et du caractère, et je suis content, avec même une petite part de fierté, d’avoir fait taire ceux qui ont parlé sur moi. Je ne leur en veux pas, c’est le sport national de parler. Surtout chez nous (rires).
Camille Lopez en août 2018, sous le maillot de l’USAP.
AFP
Quel rôle allez-vous endosser au sein du club à la reprise ?
Je vais intégrer le staff des pros qui est très participatif, je vais aussi suivre une formation pour passer mon DE (Diplôme d’État, NDLR) et j’aurai un rôle transversal avec les jeunes. J’aurai donc plusieurs missions auprès des pros et de l’asso.
Ça vous tenait à cœur de basculer directement dans le coaching ?
Oui, parce que je suis passionné de ce sport. J’ai envie d’essayer, mais ce n’est pas parce que j’ai fait une carrière de joueur à un certain niveau que je vais forcément réussir à cocher les cases de l’entraîneur. On va voir si je suis fait pour ça ou pas.
Camille Lopez sous le maillot de Mauléon en novembre 2014.
Jean-Louis Belhartz
À une époque, vous espériez faire une dernière saison au SA Mauléon. C’est un regret ?
Non, parce qu’il est temps pour moi que ça s’arrête. Mentalement, physiquement, ç’a été épuisant. Je suis toujours attaché au club de Mauléon, je le serai toujours, et je crois que les gens en place font du bon travail. Bien sûr que l’histoire aurait été belle si j’avais des potes de ma génération encore en train de jouer. On aurait pu avoir ce « kif » de faire une dernière saison ensemble, mais ils ont arrêté. On a tous maintenant construit nos familles. Après, je continuerai à défendre haut et fort mon club de toujours.
Pour Camille Lopez (à gauche), ici avec Arthur Iturria (à droite), le meilleur souvenir de sa riche carrière, c’est le Bouclier de Brennus remporté en 2017 avec Clermont.
AFP
Si vous deviez retenir un seul souvenir de votre riche carrière ?
J’ai eu la chance de vivre plein de choses, c’est dur de ne retenir qu’un moment marquant mais, en tant que fan de rugby depuis tout gamin, c’est le Brennus avec Clermont. Ce trophée représente énormément pour moi. J’ai eu la chance de le toucher, de le lever, ç’a été un sentiment incroyable.
Ligne de vie
36 ans. Né le 3 avril 1989 à Oloron-Sainte Marie. Marié, trois enfants.
Carrière de joueur : Mauléon, Bordeaux-Bègles (2009-2013), Perpignan (2013-2014), Clermont (2014-2022), Bayonne (2022-2025).
Palmarès chez les pros : champion de France 2017 en Top 14, finaliste en 2015 et 2019. Vainqueur du Challenge européen 2019, finaliste de la Coupe d’Europe 2015 et 2017, le tout avec Clermont. Meilleur réalisateur du Tournoi des 6 nations 2017 (avec 67 pts).
International : 28 sélections avec le XV de France.