Les dégâts des eaux, la dégradation des biens personnels dans les appartements et les centaines et centaines de litres d’eaux qui s’écoulent lors des interventions incendies… Les sapeurs-pompiers de Paris espèrent éviter tout cela grâce à leur nouvel appareil : le nouveau premier secours 6e génération (PS6G). Le premier exemplaire de cette nouvelle série d’engins a été présenté par la brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) ce jeudi 26 juin.

Sa particularité ? Sa lance, dotée d’une technologie innovante : le système diphasique, composé de beaucoup d’air et de très peu d’eau. Dans le détail, une pression pneumatique permet la fragmentation d’une goutte d’eau en des milliards de gouttelettes projetées à très grande vitesse, formant ainsi un brouillard humide atteignant rapidement et précisément sa cible.

Des immenses économies d’eau

« C’est une innovation révolutionnaire, se réjouit Laurent Nuñez, préfet de police de Paris. Elle répond à un enjeu environnemental majeur en consommant cinq à six fois moins d’eau qu’une lance traditionnelle ». Le nouvel engin déverse en effet entre 50 à 100 litres d’eau par minute contre 400 voire, 3 000 pour les modèles les plus anciens.

52 véhicules doivent être équipés de cette lance, à Paris et dans sa petite couronne. LP/Juliette Rousset52 véhicules doivent être équipés de cette lance, à Paris et dans sa petite couronne. LP/Juliette Rousset

« Avant, on gérait un incendie en pensant que c’est la quantité d’eau qui faisait éteindre le feu. Aujourd’hui l’eau est une denrée rare, on réfléchit à comment mieux l’utiliser », indique le colonel Fabian Testa, qui a été l’un des porteurs du projet et qui pointe d’autres inconvénients au précieux liquide. « L’eau coûte plusieurs milliards d’euros tous les ans, et les lances remplies peuvent être très lourdes à porter pour les pompiers » ajoute-t-il.

Plus de sécurité et moins de dégâts

Au-delà de l’enjeu environnemental, la sécurité est primordiale. Sur ce point, la nouvelle lance permet de mieux protéger les sapeurs-pompiers et les victimes. « Grâce au brouillard, la température d’un appartement en feu pourra descendre à 50 °C, ce qui permet aux sapeurs-pompiers d’entrer dans le lieu sans ressentir la chaleur », informe le général de division Arnaud de Cacqueray, commandant la brigade.

« J’ai hâte de la tester car cette nouvelle lance permettra un abaissement de la température plus efficace qui permettra plus de sécurité », s’enthousiasme Clément, sapeur-pompier et conducteur d’engin.

Moins de dégâts

Ce brouillard permettra également de coller, après l’extinction du feu, les particules toxiques au sol, garantissant une meilleure protection de la santé pour les sapeurs-pompiers régulièrement exposés. Évitant l’eau de ruissellement, la lance diphasique doit occasionner moins de dégâts matériels et permettre de protéger les biens personnels des victimes, les milieux protégés et d’épargner par exemple une pièce remplie d’ordinateurs.

Cette lance, conceptualisée dès 2017, avait déjà été installée sur quelques engins mais le nouveau premier secours 6e génération a été pensé exprès pour en être équipé. Cinquante-deux véhicules vont être mis à disposition à Paris et dans les trois départements de la petite couronne sur les cinq prochaines années à venir.