En avril dernier, Michel Amas, avocat au barreau de Marseille, avait mis en demeure la présidente du Département, Martine Vassal (DVD), pour « défaillances graves », pointant les dysfonctionnements de l’institution dans la prise en charge et l’accompagnement d’enfants confiés à l’Aide sociale à l’enfance (ASE).

Au cœur de la colère de l’avocat, « la prostitution des enfants placés, qui concerne à Marseille entre 100 et 200 enfants », mais aussi, « les placements abusifs et le défaut total d’équilibrage des forces judiciaires ». Reçu vendredi 27 juin par Aurore Bergé, ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, comme elle s’y était engagée, l’avocat marseillais a pu l’alerter sur la réalité du terrain dans divers départements, dont celui des Bouches-du-Rhône : « Nous avons désormais connaissance que le nombre de ces mineurs placés se prostituant est de plus de 20 000 enfants en France. Nous savons aussi désormais que les liens entre les réseaux de trafic de stupéfiants et de pédocriminalité sont ténus, ce sont les mêmes organisateurs. Nous avons appris récemment qu’une enfant placée à Paris qui était dans un réseau de pédophilie rapportait 20 000 euros à peu près par semaine. »

Vendredi, l’avocat marseillais a ainsi remis à la ministre un projet de décret réglementaire visant à protéger au mieux les enfants de ces menaces.

« Nous avons pu poser les bases d’une coopération pérenne, utile et efficace », souligne le magistrat. La suite ? « Réformer la procédure et organiser la lutte contre les réseaux pédophiles, car à 11 ans, on ne se prostitue pas, on est sous l’emprise de ces réseaux », insiste l’avocat, qui attend désormais d’échanger avec le garde des Sceaux, Gérald Darmanin.