Expulsé par erreur en mars dernier puis discrètement rapatrié aux États-Unis après des mois de bras de fer judiciaire, Kilmar Abrego Garcia, un Salvadorien résidant légalement dans le Maryland, a demandé vendredi à prolonger volontairement sa détention. En cause : la crainte d’être renvoyé dès sa libération, malgré une décision de justice favorable.

Marié à une Américaine, Abrego Garcia avait été expulsé vers le Salvador le 15 mars, avec plus de 250 autres personnes, en majorité suspectées d’appartenance à un gang vénézuélien. Après que la Cour suprême a ordonné son retour, l’administration Trump a finalement accepté de le faire revenir le 6 juin. Mais dans la foulée, les autorités ont lancé de nouvelles poursuites à son encontre, l’accusant cette fois d’avoir facilité la présence illégale de migrants aux États-Unis.

Une requête pour le moins inhabituelle

Une juge fédérale à Nashville (Tennessee) a pourtant estimé cette semaine qu’il n’y avait pas lieu de le maintenir en détention au titre de ces accusations et a fixé les modalités de sa libération. Elle a par ailleurs précisé que Kilmar Abrego Garcia était accusé d’aide au séjour illégal mais pas de « trafic » de migrants. Mais, dans une requête inhabituelle, ses avocats ont demandé un sursis à cette sortie, redoutant une expulsion immédiate vers un « pays tiers », évoquée la veille par des représentants du gouvernement devant une autre juridiction.

Les avocats de Kilmar Abrego Garcia se disent « bien conscients du caractère paradoxal de cette requête » et expliquent leur demande par le fait qu’ils ne peuvent accorder « aucun crédit aux assurances du ministère de la Justice » quant au respect des droits de leur client. Le gouvernement, qui ne s’oppose pas à ce report jusqu’au 16 juillet prochain, a de son côté rappelé que la procédure d’expulsion reprendra effectivement dès qu’il sera relâché.

Notre dossier sur les États-UnisUne « invasion » des États-Unis par des « criminels étrangers »

Donald Trump a érigé la lutte contre l’immigration clandestine en priorité absolue, évoquant une « invasion » des Etats-Unis par des « criminels venus de l’étranger » et communiquant abondamment sur les expulsions d’immigrés.

Mais son programme d’expulsions massives a été contrecarré ou freiné par de multiples décisions de justice, notamment au motif que les personnes visées devaient pouvoir faire valoir leurs droits.