«J’espère décéder autour de mes soixante-dix ans car je n’ai pas particulièrement envie de me voir vieillir au-delà d’un certain âge et si j’ai passé ma vie en tant que séropositif, je n’accepterai pas de maladie grave à la fin.» Cette date butoir, annoncée au milieu de ses Mémoires, explique pourquoi Didier Lestrade publie ce qu’il annonce comme son «dernier livre» si jeune, à 67 ans. Et il prévient : «Il n’y aura pas de fête avec des idiotes qui diront “Didier aurait voulu qu’on danse pour lui”» à son enterrement.

L’ex-journaliste de Libé (de 1985 à 1999), cofondateur d’Act Up-Paris, qui passe une retraite désirée en Mayenne et réclame son «droit à la tranquillité», ne cherche toujours pas à se faire aimer. Et tant pis si les énormités qu’il sort en défrisent certains. Didier Lestrade dit leurs quatre vérités à la moitié des gens avec qui il a milité et travaillé, intimant même l’ordre à certains de «shut the fuck up» («fermer leur gueule»). Les journalistes de Libé et de Têtu, média qu’il a cofondé en 1995 et qu’il accusait vingt ans plus tard