Le numéro 8 australien va disputer son dernier match avec l’UBB, au Stade de France, avant une séparation que tout le monde semble regretter, tant il aura été décisif, notamment depuis le début de l’année 2025.

C’est un crève-cœur pour tout le monde à l’Union Bordeaux-Bègles. L’Australien Pete Samu va disputer son dernier match à l’occasion de cette finale de Top 14. Le staff technique et les dirigeants se sont pourtant creusé les méninges pour essayer de faire entrer le troisième ligne dans l’équation parfois tordue du rugby professionnel (nombre de Jiff, salary cap, etc.) sans parvenir à trouver une solution pour renouveler son contrat. « J’aurai vraiment adoré les deux saisons passées à l’UBB (2023-2025), confiait le joueur dans Sud Ouest après avoir compris que son aventure en Gironde prendrait fin au 30 juin. Dans un monde parfait, j’aurais aimé rester. Ma famille adore la vie ici, les enfants sont contents… Mais c’est le rugby. Tu ne peux pas forcément rester quelque part pour toujours. »

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C’est finalement l’Australie qui se frotte les mains, toute heureuse de récupérer un joueur d’expérience au sein de la province des Waratahs et maintenant attendu comme le messie chez des Wallabies mal en point au moment de recevoir les Lions britanniques et irlandais. Ce retour en sélection est la récompense logique de la saison du numéro 8 bordelais, salué du côté du Ceva Campus pour son professionnalisme, son sens du collectif et sa bonne humeur constante, malgré les aléas d’une saison de Top 14.

Une reprise à l’aile

En effet, si Pete Samu est un fer de lance de l’UBB depuis le début de l’année civile, il avait dû ronger son frein en début de saison. Il n’avait connu que six feuilles de matchs (cinq en Top 14, une en Champions Cup) avant le mois de février, alors que l’an passé, ses performances avaient certainement été minorées en raison des prestations dantesques de Tevita Tatafu, arrivé en même temps que lui en Gironde. Pete Samu n’est pas du genre à en prendre ombrage, bien au contraire. Freiné cette saison par une entorse au genou contractée lors de la première journée de Champions Cup début décembre, il avait dû patienter jusqu’au mois de février et un déplacement à Bayonne pour faire son retour à la compétition, quand Yannick Bru avait décidé de le titulariser… à l’aile.

La blessure de Tevita Tatafu (opération de la cheville) avant le début du Tournoi des 6 Nations a fini de redistribuer les cartes, démontrant qu’il était bien mieux qu’une doublure au poste de numéro 8 : « Depuis deux mois, il enchaîne les performances de très haut niveau et montre pourquoi il a presque 40 sélections avec les Wallabies », saluait le manager de l’UBB au début de la phase finale de Champions Cup, compétition où l’Australien a toujours brillé, jusqu’à cette passe magique sur l’essai stratosphérique de Louis Bielle-Biarrey en demi-finale face au Stade toulousain. « J’ai toujours trouvé que c’était un excellent joueur, reconnaissait cette semaine Christophe Laussucq. Après, il y a toujours une période d’adaptation pour les joueurs qui arrivent du Super Rugby car c’est une compétition différente, sans pression, avec moins de ballons portés, moins de mêlées écroulées, toutes ces choses-là. Une période d’adaptation est nécessaire mais Pete Samu est joueur fabuleux, un joueur de classe mondiale qui ne s’est pas révélé à l’UBB. »

Un grand timide

Depuis le déplacement à Bayonne, Pete Samu a disputé treize rencontres toutes compétitions confondues, reléguant Tevita Tatafu en tribunes, ce qui semblait être impensable la saison dernière, et il est déjà certain que « Pistol », comme l’appellent ses partenaires, laissera une trace à l’UBB comme le souligne son coéquipier Maxime Lamothe : « J’ai tellement de mots qui me viennent à l’esprit pour parler de Pete. C’est un joueur discret mais qui abat un travail phénoménal. C’est un mec formidable et un joueur qui a la classe. Depuis deux ans, il nous apporte quelque chose que l’UBB n’avait pas et il est certain qu’il a joué un rôle essentiel dans le titre remporté en Champions Cup, tout comme il a une part de responsabilité énorme dans notre qualification pour cette finale de Top 14. »

Le Wallaby s’est imposé comme une évidence sans jamais chercher à se mettre en avant. « C’est quelqu’un de calme, timide, qui ne parle pas beaucoup, explique Yoram Moefana. On le titille un peu pour qu’il parle un peu plus (sourire). C’est surtout un grand joueur, qui comprend parfaitement le jeu, notamment dans le secteur offensif où il est toujours au soutien quand un joueur perce. » De son côté, Yannick Bru ne perd jamais une occasion pour louer ses qualités humaines : « C’est un joueur d’une humilité et d’un altruisme très forts, qui est très apprécié au sein de l’équipe. »

Souvent catalogué comme un troisième ligne fait pour le jeu aéré de la Champions Cup, en raison de sa pointe de vitesse et de son aisance technique, Pete Samu a démontré qu’il était aussi capable de s’épanouir en Top 14, en étant aussi précieux dans le jeu au sol comme face à Toulon en demi-finale.