Par
Rédaction Paris
Publié le
28 juin 2025 à 8h22
Depuis qu’elle s’est mise en tête de défendre les intérêts de la boucherie à Paris et du commerce en général dans la capitale, professionnels et élus de tous horizons ont appris à connaître Véronique Langlais, sa grande chevelure rousse, son franc-parler et son art consommé du réseautage. « Cela fait dix ans que je me suis engagée au syndicat des bouchers de Paris avant d’en prendre la présidence en 2017 », se souvient la commerçante parisienne, qui tient avec son mari Ludovic et leur fils Jocelyn la boucherie Meissonnier, située dans le 17e arrondissement. Une élection qui fit naturellement un certain bruit, les boucheries étant encore largement dirigées par des hommes et la viande souvent associée à des valeurs « viriles ». Une image que l’artisane, passée de la cuisine à la boucherie, a largement contribué à faire évoluer, encourageant la féminisation croissante du métier.
Hémorragie du commerce à Paris
En quelques années, la « louchebem » n’a pas tardé à convaincre les derniers sceptiques par son sens de la communication et sa combattivité. Réélue en 2022, Véronique Langlais n’a en effet eu de cesse de présenter positivement le métier sur ses réseaux sociaux, par des vidéos et « posts » abondamment consultés. Ses différents comptes (Instagram, Facebook, Tiktok, Linkedin, X) cumulent plus de 26 000 abonnés. L’apprentie du commerce familial, Clarissa, est même devenue une sorte de vedette d’Instagram avec des vidéos millimétrées de désossage, découpe et parage de viande admirées par des centaines de milliers d’internautes !
Mais la présidente des bouchers parisiens ne se contente pas de rendre le métier plus glamour et attirant pour les jeunes générations. Présente dans de nombreuses instances professionnelles et invitée à tous les rendez-vous qui comptent dans l’univers des métiers de bouche, la « bouchère rock’n’roll » y défend pied à pied une consommation « raisonnée » de la viande et les intérêts de l’artisanat. « Ma priorité, c’est de mettre en avant la qualité, le savoir-faire artisanal et l’impact territorial de nos métiers », explique la vice-présidente de « l’Académie de la Viande ».
Son dernier combat en date : préserver les commerces de la hausse des baux commerciaux. « Depuis le Covid, il y a un décalage croissant entre le montant des loyers et l’attractivité du commerce dans la capitale, qui s’est beaucoup dégradé », assure Véronique Langlais. « Dans la boucherie, cela complique encore la transmission des fonds de commerce. Certains préfèrent se mettre à la retraite et fermer plutôt que de s’engager sur un nouveau bail ».
Récemment réélue au bureau de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris, la commerçante parisienne participait il y a quelques jours à la commission de conciliation des baux à la Préfecture de région Île-de-France. Si elle estime que « tous les dossiers ont pu être traités dans un esprit constructif », elle juge aussi que « face à l’hémorragie des vacances commerciales, il est urgent de poser des jalons et d’agir ».
Stopper la hausse des baux
L’élue milite auprès des parlementaires pour l’octroi d’une ou deux années blanches en matière de baux commerciaux, voire un encadrement. Elle entend également sensibiliser les foncières au risque d’une dépréciation collective de l’immobilier commercial à Paris. « Quand un commerce ferme, cela provoque des répercussions en chaine sur les magasins voisins et rapidement sur tout un quartier », assure-t-elle. Confrontés aux difficultés de se déplacer dans Paris, à la concurrence de la livraison à domicile ou aux évolutions de la consommation, les bouchers parisiens sont aujourd’hui sous pression. Leur nombre -entre 300 et 450 selon les nomenclatures- ne cesse de s’étioler.
Gérald Barbier succède à Soumia Malinbaum à la CCI Paris
Réunie vendredi 20 juin, l’assemblée générale de la Chambre de commerce et d’industrie départementale de Paris a élu à l’unanimité son nouveau président, Gérald Barbier qui succède à Soumia Malinbaum. L’entrepreneuse du numérique, qui présidait la CCI depuis novembre 2021, « a renoncé à son mandat pour raisons professionnelles mais poursuivra son engagement en tant que première vice-présidente », précise l’organisation consulaire. Gérald Barbier, dirigeant d’une entreprise réputée de luminaires, achèvera les dix-huit mois restants du mandat actuel. « A l’aube d’échéances électorales majeures et des élections municipales, nous veillerons à ce que le monde économique ne constitue pas la variable d’ajustement des politiques publiques », a assuré le président de la structure chargée de représenter les intérêts des entreprises commerciales, industrielles et de services à Paris.
Autre dossier qui lui tient à cœur : la défense des produits et des territoires. « Nous sommes naturellement solidaires des éleveurs, qui sont aujourd’hui en grand danger », explique-t-elle. « En sept ans, la France a perdu l’équivalent de 1,2 millions de bovins et les perspectives sont pessimistes pour les années qui viennent. Or nos destins sont liés, la baisse de la production a largement contribué à faire monter les prix et à rendre la viande bovine moins accessible aux consommateurs. »
Dans les mois qui viennent, la présidente des bouchers parisiens se verrait bien ferrailler en duo avec Virginie Boularouah, fraichement élue à la tête des fromagers d’Ile-de-France, qui dispose de deux boutiques dans le 18e. « Nos métiers évoluent en parallèle et reposent sur des terroirs voisins. Nous pourrions jouer ensemble un rôle d’ambassadeur de nos produits -y compris ceux d’Ile-de-France- auprès des citadins.
Bruno CARLHIAN
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