Deux fermetures administratives en un an. Cette supérette du 12 rue de Paris n’a pas fini de faire parler d’elle. Ouvert en avril 2024, le Market Notre-Dame a été contraint par la préfecture des Alpes-Maritimes de fermer une première fois pendant six mois en septembre. Après une reprise de quelques mois, la préfecture l’oblige de nouveau à baisser le rideau jusqu’à la fin de l’année.

Car dans le quartier, il y a des problèmes de nuisances que des riverains attribuent à l’épicerie. Fabien tient un restaurant dans une rue adjacente et son établissement en pâtit. « On urine dans nos bacs à fleurs, on laisse des canettes, parfois des pipes à crack ou des bonbonnes de protoxyde d’azote », regrette-t-il. Parfois, il est également contraint de faire intervenir la police pour disperser les personnes « alcoolisées ou droguées » qui dorment devant sa porte. Pour lui, le Market Notre-Dame est un des responsables. « La porte reste entrouverte et le deal peut se faire. Ça fait se concentrer les problèmes au même endroit », estime le commerçant.

Cinq interventions de police

L’établissement, qui avait rouvert en mars, est aussi dans le collimateur de la Ville de Nice, qui n’a qu’un souhait: le fermer définitivement. Car d’après un arrêté préfectoral, les polices nationale et municipale y sont intervenues à cinq reprises au moins, en avril et mai. Elles y ont constaté de nombreuses infractions: vente d’alcool tardive, consommation d’alcool et de cigarettes, « présence d’une forte odeur de produits stupéfiants [et d’une] balance de précision », présence d’un salarié non déclaré ou encore vente de tabac sans autorisation. « Cet endroit est une des épiceries pour lesquelles je suis le plus sollicité », regrette Anthony Borré, adjoint au maire de Nice en charge de la Sécurité. Aussi, le 23 juin 2025, une nouvelle fermeture administrative a obligé le commerce à fermer de nouveau pour six mois.

« Ce qui est dit est complètement faux »

Devant toutes ces accusations, Mehdi, le propriétaire du Market Notre-Dame se défend. À 26 ans, c’est son premier commerce. La journée, il s’agit d’une épicerie traditionnelle. Le soir, d’un service de distribution. « Le magasin est fermé: on commande sur Internet et on récupère à la porte. On propose ça pour se démarquer des autres », explique-t-il. Il a travaillé dans plusieurs supermarchés avant de lancer son affaire, investissant 15.000 euros. Alors, il l’a en travers, d’autant qu’il nie les faits reprochés. « Ce qui est dit est complètement faux. Tout ce qu’on vend, ce sont des chips et des gâteaux », se défend le propriétaire du commerce. « Si je vendais de la drogue, je serais sur un yacht au soleil, pas en train de transpirer en portant des packs de canettes. Ce que dit Anthony Borré, ce sont des suppositions. J’aurais pu l’attaquer pour diffamation, mais je n’ai pas d’argent pour les procédures de justice. C’est une bataille déjà perdue, car c’est la loi du plus fort », glisse-t-il.

Selon lui, les problèmes que connaît la rue ne sont pas dus à son commerce. « Quand le magasin est fermé, les problèmes continuent. La preuve, hier, il y a eu une grosse opération de police alors que nous n’étions pas ouverts », argumente le propriétaire de la supérette. Une descente confirmée par Anthony Borré, qui soupçonne une poursuite de l’activité du commerce malgré sa fermeture. « La police municipale a constaté de la vente d’alcool, de cigarettes et de protoxyde d’azote devant le commerce. Le vendeur et deux clients ont été interpellés », détaille le premier adjoint.

Une procédure de résiliation du bail « en cours »

Depuis la première fermeture administrative, Mehdi se demande comment il va s’en sortir: il ne se verse pas de salaire et doit rémunérer ses trois employés. Selon lui, aucun élu n’a cherché à discuter. « Ils sont juste mécontents parce que ce sont des jeunes qui essaient de s’en sortir. Si j’avais été en costard avec un gros chiffre d’affaires, il n’y aurait pas eu tout ça », estime Mehdi. Le jeune homme affirme ne jamais avoir eu de problèmes avec la police.

Qu’importe, la Ville de Nice compte bien tout faire pour faire fermer définitivement l’établissement. Même contacter le propriétaire des murs. « Je le vois dans les jours prochains. Soit il dénonce le bail pour l’annuler, soit je lancerai une procédure de résiliation forcée devant le tribunal pour ces nuisances », prévient l’élu. D’après lui, le propriétaire « de bonne foi » aurait sollicité la justice pour demander une résiliation du bail, avec une décision prévue au mois de novembre. L’élu compte opérer de la même façon avec l’ensemble des supérettes problématiques de la Ville.