Par

Amandine Vachez

Publié le

28 juin 2025 à 8h46

C’est une « casse auto » très moderne, car elle revalorise les véhicules hors d’usage. Plus que cela, chez Careco Molins à Seclin (Nord), on se dit « producteur de pièces automobiles d’occasion ». Fin juin 2025, la ministre de la transition écologique Agnès Pannier-Runacher est venue à la découverte de l’entreprise familiale. Rétroviseurs, moteurs, carrosserie… Tout ce qui peut l’être sur une auto est valorisé, dans un parcours ultra-moderne.

« 99 % d’un véhicule est valorisable »

Chaque jour, une quarantaine de véhicules entrent sur le site de Careco Molins, à Seclin. Ils sont stockés dans l’attente de leur examen, pour savoir comment leurs pièces vont pouvoir être valorisées. Ils sont parqués, analysés, dépollués, démontés, et les pièces réutilisables partent en atelier pour la revalorisation, avant d’être stockées et revendues.

Sur ce centre ultra-moderne situé sur un site de 9 ha, entre 8 000 et 10 000 véhicules sont valorisés chaque année. « L’objectif est d’arriver entre 15 000 et 20 000 », annonce Manon Molins, Directrice générale de l’entreprise, créée à Lille il y a 80 ans par son arrière-grand-père.

Chaque jour, une quarantaine de véhicules arrivent sur le site de Seclin, du Nord - Pas-de-Calais, voire des Hauts-de-France, en fonction des appels.
Chaque jour, une quarantaine de véhicules arrivent sur le site de Seclin, du Nord – Pas-de-Calais, voire des Hauts-de-France, en fonction des appels. ©Amandine Vachez« Un rôle à jouer »

Manon Molins n’aime pas le terme « casse auto », elle préfère « centre de recyclage automobile nouvelle génération. Nous ne faisons pas que détruire les véhicules. Nous sommes producteurs de pièces automobiles d’occasion. 99 % d’un véhicule est valorisable. »

Pour être l’un des centres de revalorisation des VHU (Véhicules hors d’usage) les plus modernes d’Europe, l’entreprise a investi : 20 millions d’euros, pour moderniser ses lignes : convoyeurs automatiques, flotte de manutention renouvelée… Le centre seclinois a aussi pris le virage de l’électrique, en se dotant de l’équipement nécessaire pour accueillir les véhicules nouvelle génération.

« Nous avons un rôle à jouer, en termes de réemploi. »

Manon Molins, Directrice générale de Careco Seclin.

L'atelier de Careco Molins à Seclin (Nord) est doté d'outils modernes sur ses lignes, notamment de racks automatiques favorisant le travail des salariés.
L’atelier de Careco Molins à Seclin (Nord) est doté d’outils modernes sur ses lignes, notamment de racks automatiques favorisant le travail des salariés. ©Amandine Vachez
Careco Molins prend le virage de l'électrique. L'entreprise est équipée pour travailler sur les batteries. Ce qui implique des mesures de sécurité complémentaires.
Careco Molins prend le virage de l’électrique. L’entreprise est équipée pour travailler sur les batteries. Ce qui implique des mesures de sécurité complémentaires. ©Amandine VachezRassurer les usagers

En France à ce jour, environ 7 % des pièces changées sur une auto sont d’occasion, contre environ 20 % en Espagne ou les pays nordiques, cite Manon Molins. « Ce n’est pas encore démocratisé. » Pour permettre de favoriser le réflexe, le site seclinois s’adapte aux exigences des professionnels. « Il faut que notre service soit concurrentiel, pour ce que soit aussi pratique, et rassurant, de commander d’occasion », appuie la représentante de l’entreprise. Internet est un bel outil. Entre 300 et 400 colis partent chaque jour, à destination de particuliers et de professionnels (environ 60 %). « C’est sécurisé, tout est tracé, garanti, testé ».

Chez Careco Molins, les véhicules sont analysés, dépollués et démontés en atelier, avant l'étape de valorisation de ses pièces détachées.
Chez Careco Molins, les véhicules sont analysés, dépollués et démontés en atelier, avant l’étape de valorisation de ses pièces détachées. ©Amandine VachezLutter contre la « criminalité environnementale »

« C’est une filière très concrète, sérieuse », appuie Vanessa Montagne, Directrice générale de RMV, Recycler mon véhicule, éco-organisme créé en janvier 2024 pour structurer la filière. « 1,2 million de véhicules ont été recyclés en 2024 en France, qui est dotée de 1 700 centres VHU », précise-t-elle. Seul point noir évoqué : la lutte contre la revente illicite de pièces suite à l’abandon de véhicules. « Ces pratiques compromettent les efforts de la filière », souligne Vanessa Montagne. Un chantier sur lequel la ministre Agnès Pannier-Runacher affirme travailler. « Lutter contre la criminalité environnementale – par la présence des douanes, de la gendarmerie, de la police… Tout pour agir plus efficacement – est un projet que je porte au niveau européen » assure la représentante de l’État.

D'immenses espaces de stockage permettent d'assurer la revente des produits (ici des moteurs en premier plan).
D’immenses espaces de stockage permettent d’assurer la revente des produits (ici des moteurs en premier plan). ©Amandine VachezDes produits entre 50 et 70 % moins chers

80 personnes travaillent sur le site de Seclin. L’entreprise locale en compte un autre, rénové en 2019, à Cuincy. Ce qui lui permet de largement couvrir le territoire du Nord – Pas-de-Calais. La carrosserie, les phares, les moteurs… Tout ce qui peut être valorisé l’est. Ce qui « vaut le coup », d’un point de vue rentabilité, c’est la revente des moteurs. Le marché fluctue beaucoup en fonction de l’offre et de la demande, indique Manon Molins, qui précise que les pièces sont vendues entre 50 et 70 % moins chères que neuves.

L’entreprise ambitionne de recruter une vingtaine de personnes sur 3 ans, pour développer encore son activité. Elle mise sur l’électrique, et l’évolution des réflexes des usagers. Manon Molins, qui a à cœur de faire connaître davantage ce métier au grand public, fait montre d’optimisme : « Ensemble, nous faisons avancer une industrie plus verte, plus locale, plus ambitieuse ! »

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