Applaudissements nourris, lundi soir, dans l’amphithéâtre du centre de formation d’apprentis (CFA) du bâtiment de Montgermont (Ille-et-Vilaine). Sur scène, les quinze apprentis inscrits en CAP +, un dispositif dédié au public réfugié, et les 28 élèves en CM1 de l’école Saint-Clément, saluent.
Ils viennent de présenter Mon objet souvenir, une pièce de théâtre mise en scène par Loïc Choneau de Quidam Théâtre, d’après le livret éponyme collectant la parole des apprentis sur leur objet fétiche. Il y a eu quelques trous de mémoire, des paroles soufflées et pour certains beaucoup de trac. Il y avait aussi les regards complices et la solidarité entre petits et grands. Un grand moment d’humanité et d’émotions pour le public, les acteurs d’un jour et les initiatrices du projet, Dominique Thébaud et Cécile Pellerin, respectivement enseignante de CM1 et chargée de mission après des CAP +.
« Nous avons créé pleins de beaux souvenirs »
Pourtant en octobre dernier ce n’était pas gagné. On avait un peu peur de ne pas nous entendre avec eux. On ne savait pas quoi dire à une personne qui a quitté son pays, marché pendant des jours pour venir ici, reconnaissent Margaux et Soline, 9 ans. Grâce aux sorties faites avec eux nous avons créé pleins de beaux souvenirs. Nos préférés sont d’avoir construit des cerfs-volants et fait de l’accrobranche.
Clémence 10 ans, approuve et avoue. Je leur ai appris les méthodes de respiration pour éviter le stress. Eux nous ont raconté leur vie en Afghanistan, Guinée, Égypte, Maroc, Érythrée et Bangladesh. Certains avaient les larmes aux yeux. Je les comprenais vraiment. Un peu triste Meliana conclut. C’était chouette de faire cette pièce pour dire au revoir. Nous ne les reverrons plus maintenant. J’aimerais bien que mes parents aient envie de les inviter. J’espère qu’ils seront heureux en France. Les adultes sont parfois intolérants.
Du côté des apprentis, la joie est tout aussi manifeste. Les enfants ne jugent pas. C’est sécurisant et réconfortant. Ils avaient envie que l’on progresse en français, de partager avec nous leur culture. Ils sont très jeunes mais, grâce à eux, nous avons un peu plus confiance en nous et nous parlons mieux français, reconnaît le groupe des apprentis. Dans nos pays nous avons l’habitude de nous occuper des plus jeunes. C’était donc facile et sans pression. Tous ces souvenirs nous le devons à Cécile Pellerin .
Cette dernière sourit. L’année est finie. Une autre se prépare. Reste l’envie, toujours, de permettre à chacun de trouver sa place ici sans oublier son là-bas .