Sur la page d’accueil de l’application Vinted, les t-shirts colorés squattent les multiples uniformes nécessaires pour l’été : sandales tendance, short en crochet et autres casquettes brodées. Quand, d’un coup, un article imprévu sur le fil : une robe de mariée. Etrange, rien ne nous destinait à ce que l’algorithme pousse cette tenue. Ni un évènement particulier à prévoir, ni une volonté de s’habiller en robe meringue.
Plus étrange encore, une simple recherche avec les mots-clés bien choisis nous fait tomber sur des centaines et des centaines de robes de mariée. La plupart indiquées comme « portée une fois ». Logique. Ce qui l’est moins, c’est que la partie restante est catégorisée comme « jamais portées ». Mais pourquoi ces robes sont-elles revendues sans même avoir eu la chance de franchir l’autel ? 20 Minutes a mené « l’enquête ».
Le Covid s’invite à la fête
Pour beaucoup, les robes de mariée avaient été achetées il y a cinq ans, à une période où – naïvement – beaucoup ne se sont pas doutées que « le plus beau jour de leur vie » serait repoussé, voir annulé, par un virus appelé Covid-19. « Je l’avais acheté avant la pandémie et nous avions prévu de nous marier aux Maldives en 2020. Ça n’a pas eu lieu à cause du confinement. Deux ans plus tard, j’ai décidé de changer de robe », avoue Lisa, une jeune femme autrichienne.
Kaat, qui habite aux Pays-Bas, a aussi dû revoir son programme… et sa tenue. « J’avais acheté cette robe pendant la crise sanitaire liée au coronavirus. Mais nous n’avons jamais pu nous marier en grand comité et nous avons uniquement fait une petite fête à la maison. Donc la grande robe ne servait à rien. »
Colis perdu et dons
Ce n’est pas l’unique raison qui pousse certaines à vendre des robes de mariée, parfois obtenues de façon bien mystérieuses. « Cette robe vient d’un lot de colis perdu en Espagne. Apparemment, tout le carton était arrivé à une adresse introuvable et voici ce que j’ai récupéré », raconte Sylvie, qui habite dans le nord de la France. Certains prétextent également des dons. Comme Maria, une Espagnole, qui a trouvé sur un site cette robe gratuite qui lui « a tellement plu ». Seulement difficile de trouver une bonne occasion pour trouver une longue robe blanche à froufrou, si ce n’est d’avoir comme prétexte d’être la mariée.
Verena, une Allemande, a elle aussi eu la chance d’avoir une belle ristourne sur une robe de mariée, qu’elle vend désormais sur Vinted pour la modique somme de 250 euros. « Il s’agissait d’une robe exposée en magasin », raconte-t-elle. Un phénomène de plus en plus courant, en ligne comme en magasin.
« Notre plus grand concurrent »
Dans le 11e arrondissement, le dépôt-vente de robe de mariée Fortunée séduit toutes celles qui cherchent une robe à la fois abordable et tendance. « A sa création en 2001, c’était un dépôt-vente de tout et la fondatrice avait décidé en plus de vendre les robes de mariage de sa mère et sa sœur. Et ça a bien marché », raconte Marion, la gérante de la boutique depuis 2020.
Dans sa petite boutique joliment décorée, la gérante travaille désormais avec plusieurs vendeurs. D’une part, les créatrices qui renouvellent leur collection chaque année. « On récupère les modèles d’essayage des années précédents », précise Marion. D’autre part, les couturières qui travaillent avec des tissus de fins de série. Et bien sûr, les particulières qui vendent leurs robes après leur mariage.
Mais pour ces magasins, Vinted représente « la plus grande concurrence », selon Marion. Au moment de commencer leurs essayages, de nombreuses futures mariées se tournent vers la plateforme pour trouver une solution moins cher que les grandes maisons, mais aussi pour savoir ce qu’elles recherchent. « C’est une sorte de vitrine », relate la gérante. Seulement, Marion déconseille de se tourner vers de l’achat en ligne pour une robe de mariée. « C’est de la demi-mesure, il y a forcément besoin de retouche car ça ne va jamais correspondre directement. Beaucoup commencent par Vinted, puis se tournent vers nous ensuite. »