Une jambe géante moulée dans un talon rouge émerge d’un sol californien aride. Adossée à elle, Billie Eilish, capuche militaire, regard bleu acier, et pose nonchalante. En couverture de Vogue daté du mois de mai, la reine de la pop de 23 ans toise l’objectif. Et dans les pages du magazine, quand on lui demande ce qui l’enthousiasme, une phrase fuse : « Oklou me fait trop kiffer. Honnêtement, c’est la première à m’enthousiasmer comme ça depuis longtemps. »
En France, le nom intrigue, on s’interroge : qui est cette Marylou Mayniel, alias Oklou, chanteuse-autrice-compositrice-productrice discrète de 32 ans venue de Poitiers, que s’arrachent Caroline Polachek, Rosalía et maintenant Billie Eilish ? Longtemps inconnue du grand public, elle s’est hissée, en janvier, dans le top 10 mondial de Spotify avec Choke Enough, son deuxième album. Alors que les sollicitations affluent, elle disparaît, éteint son téléphone, donne naissance à son premier enfant – et se terre dans le calme de sa maison d’Aubervilliers, fidèle à une méthode rare dans ce milieu : avancer en biais, sans forcer.
Pour comprendre ce phénomène que les médias français n’ont pas vu venir, on a remonté la piste. De Poitiers à Los Angeles, en passant par Londres et Paris. Lycée Victor-Hugo, premiers groupes, SoundCloud, radios associatives, concerts dans des caves. Ceux qui l’ont vue débuter racontent une trajectoire patiemment tissée en marge des circuits. Car ce que le marché célèbre aujourd’hui, en la […] Lire la suite