Sa cinquième inspection depuis 2022 témoigne d’un engagement constant pour dénoncer les dysfonctionnements du système carcéral local. Cette visite de contrôle, menée par temps de forte chaleur, a permis de documenter une situation préoccupante tant pour les détenus que pour le personnel pénitentiaire.
Une surpopulation critique qui s’aggrave
L’établissement accueille actuellement 464 détenus pour une capacité théorique de 326 places, réduite temporairement à 302 en raison de travaux de rénovation. Ce taux d’occupation de près de 150% représente une augmentation significative par rapport aux 400 personnes incarcérées constatées lors de la précédente visite parlementaire.
L’administration pénitentiaire attribue cette progression à l’intensification de la lutte contre les points de trafic de stupéfiants dans l’agglomération stéphanoise. La direction transmet hebdomadairement ces données aux magistrats pour les informer de la situation avant toute décision d’incarcération.
Des ressources humaines insuffisantes
Le manque de personnel aggrave considérablement les conditions de fonctionnement. Sur 115 postes de surveillants prévus, seuls 97 sont effectivement pourvus, représentant un taux de vacance de 16%. Cette pénurie d’effectifs pèse sur l’organisation quotidienne de l’établissement et la qualité de la surveillance. Paradoxalement, la direction signale une diminution des incidents violents cette année, avec des altercations principalement entre détenus plutôt qu’envers le personnel.
Des conditions de détention dégradées
L’inspection a révélé des situations d’hébergement problématiques, avec notamment trois personnes entassées dans des cellules prévues pour deux occupants. Une cinquantaine de matelas sont actuellement disposés au sol, illustrant l’ampleur du surpeuplement.
Les fortes températures estivales transforment les cellules en véritables fours, poussant les détenus à occulter leurs fenêtres avec des journaux et cartons. Ironiquement, certains témoignent que les conditions hivernales sont encore plus difficiles, avec des températures de gel à l’intérieur des cellules.
Une urgence sanitaire et sécuritaire
La question du suicide en détention constitue un enjeu majeur. Trois jeunes détenus âgés de 24, 26 et 29 ans se sont donné la mort par pendaison ces neuf derniers mois. La direction déplore le manque d’informations sur les antécédents psychiatriques des arrivants, découvrant parfois a posteriori des tentatives précédentes.
Durant la visite, un détenu a manifesté publiquement ses intentions suicidaires depuis sa fenêtre, nécessitant une intervention immédiate des surveillants. Cette scène illustre la tension permanente qui règne dans l’établissement.
Des améliorations ponctuelles insuffisantes
Malgré ce tableau sombre, quelques progrès ont été notés, notamment concernant la rénovation et l’entretien des douches collectives. Ces améliorations limitées contrastent avec l’ampleur des défaillances structurelles observées.
La vétusté du bâtiment principal, construit en 1968, se manifeste par des murs décrépis et des fenêtres cassées, documentés lors de cette inspection parlementaire.
Un appel aux responsabilités institutionnelles
La direction de l’établissement exprime son souhait de disposer des moyens matériels et humains nécessaires pour assurer un accueil décent des personnes incarcérées. Cette demande souligne le décalage entre les missions assignées et les ressources allouées.
L’élue dénonce l’inaction face aux injonctions du Conseil d’État et questionne une politique judiciaire qui privilégie l’incarcération sans considération pour les conditions de détention. Elle pointe du doigt une approche répressive qui néglige les conséquences humaines de ses décisions.
Un système en crise profonde
Cette inspection met en lumière les dysfonctionnements chroniques du système pénitentiaire français. Entre surpopulation, sous-effectifs, vétusté des bâtiments et risques suicidaires, l’établissement stéphanois cristallise les défaillances d’une politique carcérale en crise.
L’engagement parlementaire dans ce contrôle révèle l’importance de la surveillance démocratique des lieux de privation de liberté, face à des conditions qui interrogent le respect des droits fondamentaux.