Depuis le printemps 2022, Bernard-Henri Lévy arpente sans relâche le front ukrainien avec son coréalisateur Marc Roussel. Objectif : documenter ce conflit pour le présent, mais aussi l’Histoire. Ce dimanche, France 5 diffuse à 21 heures Notre Guerre, le dernier volet de sa tétralogie ukrainienne tourné dans les villes de Pokrovsk et de Soumy. Avec au menu des images poignantes et des confidences inédites, notamment de Volodymyr Zelensky. Retour de terrain.
LA TRIBUNE DIMANCHE — Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans ce film par rapport aux trois précédents ?
BERNARD-HENRI LÉVY — C’est l’évolution de la nature du conflit. En trois ans et demi, nous sommes passés d’une guerre de tranchées, comparable à celle de 14-18, à une guerre des drones. C’est un affrontement désormais hautement technologique. Dans ce film, on découvre des salles de commandement installées dans des bunkers avec des soldats « geeks » assis face à des murs d’ordinateurs. Il y a une scène terrible où l’on voit un soldat russe se faire achever à distance à coups de clics de souris. Ce moment m’a bouleversé, bien sûr. Et j’ai hésité à le faire figurer au montage. Mais c’est une question de principe. Il faut montrer les choses. Montrer l’horreur de la guerre. Montrer, en les floutant le moins possible, les corps des victimes ukrainiennes du massacre de Boutcha. Un film de cette sorte doit perturber. Sinon, ce sont des images aseptisées. De la guerre sans guerre.