Dans une interview à La Provence, l’ancienne ministre proche d’Emmanuel Macron qui avait déclaré «être en instance de divorce» avec Marseille annonce son retour dans le jeu politique pour les municipales, non sans susciter un certain agacement, y compris au sein de Renaissance.

Autrefois omniprésente à Marseille, Sabrina Agresti-Roubache avait complètement disparu des radars depuis un an. Balayée par la vague RN lors des dernières législatives, la députée macroniste marseillaise, proche du couple présidentiel, avait même déclaré être «en instance de divorce» avec sa ville natale. Ancienne secrétaire d’État en charge du plan «Marseille en grand», elle s’était mise en retrait du jeu politique local, voire de Marseille tout court.

« Elle a été obligée de s’éloigner, explique Sandra Blanchard, militante Renaissance proche de Sabrina Agresti-Roubache. Déjà, la défaite a été brutale. Elle a été blessée et a accusé le coup. Ensuite, elle était ministre et souvent retenue à Paris, d’autant que sa fille y était scolarisée. À sa sortie du gouvernement, elle est d’abord restée à Paris pour sa fille. Désormais, elle l’a réinscrite à Marseille! Aujourd’hui, elle a rebondi et il semblerait qu’elle veuille être là.»

Après des mois de silence, Sabrina Agresti-Roubache s’est offert ce lundi un retour politique en fanfare, en une du quotidien régional La Provence. «Il va falloir compter sur moi », prévient celle qui avait créé, avant sa défaite aux législatives, un microparti dans la perspective des prochaines municipales. «Elle sera candidate, pronostique une source bien informée. Peut-être pas tête de liste principale, mais elle voudra sans doute une tête de liste de secteur.»

Un retour détonant

Alors que la liste de droite pour les municipales se dessine en coulisses, et que plus aucun député macroniste n’est élu à Marseille, Sabrina Agresti-Roubache veut faire entendre la voix d’Emmanuel Macron sur le Vieux-Port. «L’électorat macroniste existe à Marseille, estime l’intéressée. Et l’engagement pour la cité phocéenne du président de la République à travers le plan Marseille en Grand finit par être concret pour les habitants. En tout cas, je ne suis pas une suiveuse et il faudra faire avec moi !»

À droite, le retour de l’ancienne secrétaire d’État à l’ascension politique fulgurante et au caractère bien trempé laisse circonspect « C’est une personnalité difficile à gérer», s’alarme un cadre marseillais des LR. «Il ne suffit pas d’être choisie par le roi pour pouvoir faire une carrière», tacle un second. «Sabrina Agresti-Roubache doit avoir des discussions avec Renaud Muselier si elle veut revenir avec nous, tempère le responsable marseillais d’Horizons, Bruno Gilles. Même si c’est une personnalité, il y a des règles à respecter et elles s’appliquent pour tout le monde.»

En tant que chef de file régional de Renaissance, Renaud Muselier est celui qui décidera des candidats macronistes à inscrire sur la liste aux prochaines municipales. Et les choses ne semblent pas si bien embarquées pour Sabrina Agresti-Roubache qui agace son président de région dont elle a été la colistière.

«Personne ne l’attendait»

«Sabrina était partie et elle avait divorcé, fustige Renaud Muselier. Elle revient… Tant mieux ! Mais est-ce que, pendant ce temps-là, elle a travaillé à la facilité des unions politiques ? Je ne l’ai pas vu prendre beaucoup la parole à la région dans l’hémicycle. Défendre Macron, elle le fait sur les plateaux de télévision, mais nous défendre chez nous, ici… Si elle veut s’impliquer, pas de problème. Mais elle a clairement exprimé une division avec Madame Boyer. Ce n’est pas comme ça que cela fonctionne. D’autant plus que ce n’est pas la plus à plaindre, car en 2024 elle n’avait pas de candidat LR face à elle dans sa circonscription… Valérie Boyer n’avait pas présenté de candidat contre elle ! »

Sabrina Agresti-Roubache souhaite en effet imposer ses conditions lors des élections municipales, et écarte toute union avec la députée LR implantée de longue date à Marseille Valérie Boyer. «Je ne me suis pas engagée auprès du président de la République pour me ranger aux côtés de ceux qui nous tapent dessus toute la journée», justifie-t-elle dans les colonnes de La Provence

Alors que la droite travaille depuis des mois à bâtir l’union au-delà des divisions passées, la sortie passe plutôt mal. «C’est sûr que ce n’est pas le plus habile», euphémise Renaud Muselier. «Elle voulait divorcer de Marseille, s’agace un cadre marseillais des LR. Elle fait quoi de la pension alimentaire ? Elle est nulle. Le seul parcours qu’elle a fait, c’est le néant. Qu’est-ce qu’elle apporte ? Son parcours ne montre pas la fiabilité. Ici, on rassemble aux municipales en faisant des additions, pas du canardage.»

«Elle se met tout le monde à dos en disant qu’elle n’aime pas Valérie Boyer, croit savoir une militante du camp macroniste. Ce n’est pas un très bon retour, Il y a une erreur de timing phénoménal, tout ça pour lever le doigt et dire qu’elle existe encore. Mais personne ne l’attendait… De toute façon, dans le paysage local, elle est très solitaire. »

«Quand Sabrina Agresti-Roubache exclut une alliance avec Valérie Boyer, elle ne fait que dire ce que 70 % de la base militante exprime aujourd’hui, nuance l’ancien député Renaissance de Marseille Lionel Royer-Perreaut. Dans le spectre politique marseillais, elle a sa place et elle peut apporter dans le futur débat municipal.» En 2020, après que certains avaient envisagé de s’accorder, la droite et les macronistes étaient finalement partis séparément aux dernières élections municipales de Marseille.