Par

Chloé LENTIER

Publié le

28 juin 2025 à 21h30

La nef est plongée dans la pénombre. Les bancs sont vides, les cierges éteints, et l’air, lourd de silence.

Depuis 2022, plus personne ne foule les dalles de l’église Saint-Martin de Cléon (Seine-Maritime). En cause : une charpente rongée par les insectes xylophages et une chapelle sud jugée trop dégradée pour accueillir du public en toute sécurité.

Le diagnostic est sans appel : pour sauver le bâtiment, il faudra engager d’importants travaux et sortir le chéquier.

Un bâtiment ancien, transformé au fil des siècles

« L’histoire de l’église remonte au moins au XVIe siècle, avec des éléments encore plus anciens repérés par les architectes », explique Monique Colombotti, l’adjointe au maire chargée de la gestion des espaces publics et des travaux.

Le chœur conserve des traces médiévales, tandis que la nef date du XIXe siècle. Sa charpente a été refaite à l’ancienne, selon les techniques du XIIe. L’édifice a été modifié plusieurs fois tout en conservant des éléments anciens, ce qui en fait un bon témoin de l’évolution des pratiques architecturales.

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Sur place, les architectes ont aussi découvert les erreurs du passé : des ajouts de béton ou de ciment dans les murs ont accéléré la dégradation des pierres, qui absorbent l’humidité. Il faudra nettoyer et débétonner certaines zones, et revenir à des matériaux traditionnels comme la chaux, qui facilite l’évaporation de l’eau.

Un éventuel Monument historique

Et si l’église de Cléon rejoignait la liste des Monuments historiques ? L’idée fait son chemin.

« Les architectes nous ont clairement dit que l’édifice mériterait d’être préservé et même classé »

Monique Colombotti, adjointe au maire chargée de la gestion des espaces publics et des travaux

La mairie prévoit de déposer un dossier en ce sens. Mais il faudra s’armer de patience : deux années d’instruction seront nécessaires avant de connaître la réponse. En cas de feu vert, le classement permettrait d’ouvrir l’accès à des subventions supplémentaires, bienvenues face à l’ampleur des travaux.

Au moins cinq ans de travaux prévus

Le chantier de restauration est estimé à 3 millions d’euros, peinture comprise, répartis sur plusieurs phases de travaux, étalées sur au moins cinq ans. À ce stade, rien ne peut commencer sans le feu vert des financeurs. « On ne peut pas démarrer tant qu’on n’a pas l’accord des subventions du Département et de la Région », rappelle Monique Colombotti.

Un ancien four à cloches subsiste au pied de l’église, utilisé autrefois pour fondre les cloches sur place.
Un ancien four à cloches subsiste au pied de l’église, utilisé autrefois pour fondre les cloches sur place. ©Chloé Lentier

L’objectif est de lancer la première phase fin 2026. Cette étape initiale, encore en cours de chiffrage, consistera à sécuriser la chapelle sud et traiter la charpente, fragilisée. Pour y accéder, il faudra démonter la toiture et créer de nouvelles trappes d’accès, absentes jusqu’ici.

En parallèle, une étude est en cours sur le paratonnerre, dont la dépose est indispensable : il est soupçonné d’être radioactif. « On doit d’abord vérifier tout ça avant de toucher quoi que ce soit », précise l’élue.

Les architectes travaillent également au phasage du chantier, avec une logique d’enchaînement : certaines interventions devront être anticipées pour éviter de remonter les échafaudages plusieurs fois, et pour permettre une réouverture au public le plus rapidement.

Un projet patrimonial avant tout

Le lieu accueillait jusqu’en 2022 des cérémonies religieuses, notamment des mariages et des obsèques. Mais l’objectif de la commune, à terme, est plus large : ouvrir l’église à d’autres usages. Chorales, expositions, projets culturels…

Mairie de Cléon
Les travaux devraient durer environ 5 ans, et seront étalés sur plusieurs phases. ©Mairie de Cléon

L’idée est de ne pas laisser 3 millions d’euros dans un bâtiment inutilisé. « C’est un patrimoine communal, pas seulement cultuel », résume Alexandre Cherichi, directeur du Pôle Services à la Population. Et un site emblématique pour tous les habitants, croyants ou non.

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