l’essentiel
À l’initiative du Conseil citoyen de Saint-Girons et de son président Philippe Le Saint, trois ateliers gratuits ont permis à un public curieux de redécouvrir la ville à travers une pratique photographique oubliée.
En 2024, encadré par Christophe Bonnière, un groupe, composé de six participants de tous âges, a arpenté les rues de Saint-Girons pendant plusieurs semaines. Ensemble, ils ont consulté d’anciennes cartes postales, cherché les lieux iconiques, tenté de retrouver les angles exacts d’époque.
Mais au fil des pas, les évidences ont surgi. « On a voulu, raconte Christophe, observer notre ville comme le faisaient les photographes de 1900, avec le même matériel, le même regard lent et attentif. Certains lieux, poursuit-il, ont presque disparu sous les couches du temps. L’église des Jacobins, par exemple : elle est là, mais inaccessible, englobée dans des commerces.
Et puis il y a les voitures, les panneaux, le mobilier urbain… Ils dominent tout. » Appareil imposant sur trépied, film gélatine-argentique au format 10,5 x 12,5 cm : chaque prise de vue devient un événement en soi. À l’issue des trois ateliers, ce sont 19 négatifs de haute qualité que Christophe Bonnière a produits, tous destinés à un tirage unique. Mais le travail ne s’arrête pas là.
Car ce passionné a également une expertise singulière : il fabrique lui-même ses papiers photographiques, à partir d’une émulsion de gélatine d’argent appliquée au pinceau sur du papier aquarelle. « J’aime cette lenteur, cette matérialité du processus. Chaque étape est artisanale. C’est de la photographie qui se fabrique à la main, avec les mêmes gestes que les pionniers de l’image. »
Le résultat est une exposition exceptionnelle de 19 tirages uniques au format 56 x 75 cm, véritables échos visuels des clichés anciens de Saint-Girons, mais révélant les mutations profondes du territoire. L’esthétique, avec ses nuances douces, ses noirs profonds et ses détails subtils, évoque les images d’autrefois, tout en portant le témoignage du présent.
Ce projet, mêlant art, mémoire et participation citoyenne, aura su faire dialoguer les générations et éveiller les consciences sur l’évolution du cadre urbain. « C’est un travail de mémoire autant que de regard. Je suis très reconnaissant au Conseil citoyen d’avoir permis cette aventure collective. »
Le vernissage de l’exposition aura lieu le mercredi 2 juillet à partir de 18 heures. À cette occasion, la peintre Nina Audoubert montrera une autre facette de son talent en agrémentant la soirée de moments musicaux et de chansons. L’ensemble des tirages sera visible du 2 au 12 juillet, à la maison de la citoyenneté, 10 rue de la république.