Ce lundi 3 mars, outre-Manche, ont débuté les audiences de l’enquête publique diligentée par une commission indépendante, présidée par le juge d’instruction Ross Cranston, concernant le drame du 24 novembre 2021. Cette nuit d’automne, 33 exilés tentant de rejoindre les côtes britanniques à bord d’une embarcation de fortune s’étaient retrouvés en détresse.
Bien qu’ils aient lancé plusieurs dizaines d’appels à l’aide en direction des secours maritimes français et britanniques, aucune opération de sauvetage n’a été effectuée. 27 personnes se sont noyées et quatre sont toujours portées disparues.
Deux rescapés seulement
Seuls deux rescapés peuvent aujourd’hui témoigner de ce qu’il s’est véritablement passé cette nuit-là. « J’aurais préféré qu’ils soient morts », avait déclaré à leur propos, en mai 2023, l’ancien directeur français du centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage concerné par les appels au secours. L’un d’eux, Issa Mohammed Omar, doit être entendu ce mardi, il sera suivi par une dizaine de gardes-côtes et de secouristes britanniques, dont la personne chargée, côté anglais, de répondre aux appels de détresse la nuit du drame.
En France, sept militaires et 15 membres présumés d’un réseau de passeurs ont été mis en examen. Mais les autorités françaises n’ont cependant pas souhaité coopérer avec la commission d’enquête britannique qui entendra, jusqu’au 27 mars, au minimum six familles de victimes assistées de leurs avocats.
« Plus de trois ans après ce drame, Utopia 56 est soulagée de voir ces audiences enfin se tenir, offrant une avancée vers la vérité et, nous l’espérons, vers la justice », a déclaré Nikolaï Posner, membre du conseil d’administration de l’association solidaire des exilés Utopia 56.
« Au-delà des innombrables fautes individuelles mises en évidence dans ce dossier, nous espérons que cette procédure puisse exposer les conséquences d’un système politique mortifère qui stigmatise et déshumanise les personnes en situation de migration, au mépris des vies humaines et d’un cadre de valeurs élémentaires. »
Depuis cette tragédie la situation dans la Manche n’a pas cessé de s’aggraver. Si les autorités françaises et britanniques collaborent de façon plus étroite, leurs pratiques « n’ont eu pour seul effet que d’accentuer les risques et d’augmenter la mortalité », dénonce, en outre, Utopia 56, rappelant que le nombre de décès de personnes tentant de rejoindre les côtes anglaises ne fait qu’augmenter. En 2024, 79 personnes sont mortes au cours de naufrages dans la Manche.
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