Déjà au cœur de plusieurs polémiques ces derniers mois (agression sexuelle, racisme…), l’Ehpad municipal de l’île Barbe, dans le 9e arrondissement de Lyon, est une nouvelle fois mis en cause après le décès tragique d’une résidente lors d’une sortie encadrée à Charmanon.
« Une résidente a échappé à la vigilance du personnel, a engagé son fauteuil sur une pente, chuté, et est malheureusement décédée », rapporte le syndicat Force Ouvrière (FO) dans un courriel adressé à la Ville de Lyon que nous avons pu consulter. Encadrée par trois agentes du CCAS (Le Centre Communal d’Action Sociale, établissement public rattaché à la Ville de Lyon) et une jeune en service civique d’UnisCité, cette sortie s’est terminée tragiquement, marquant profondément les professionnelles présentes.
Selon leurs informations, le groupe comptait « 10 résidents dont 4 en fauteuil roulant et 3 avec déambulateur ». Le syndicat estime que le taux d’encadrement était insuffisant : « Le taux normal est d’un agent pour deux résidents. Ce jour-là, seules trois agentes et une jeune en service civique étaient présentes. »
FO précise que « la collègue que nous représentons, a informé ses collègues qu’elle partait changer un résident ». Pendant ce temps, « l’une d’elles serait ensuite partie faire la vaisselle ». Il ne restait alors sur place que l’animatrice et la jeune en service civique pour surveiller les résidents.
« je me souviendrais de ça toute ma vie »
C’est durant cet instant qu’une résidente aurait ôté les freins de son fauteuil roulant, avant de s’engager sur une pente. Sa chute brutale s’est terminée contre un arbre. À son retour, « elle a découvert la patiente au sol, le crâne ouvert. »
L’aide-soignante a immédiatement commencé un massage cardiaque. Le SAMU est ensuite intervenu, mais la résidente est décédée. Choquée cette dernière explique : « je me souviendrais de ça toute ma vie »
Contrairement à certaines informations relayées, FO précise qu’aucune ambulance n’était présente sur les lieux au moment du drame et qu’ « il n’y a jamais eu d’ambulance ni de brancardiers, seulement un véhicule habilité avec chauffeur. La victime n’est jamais tombée d’un brancard ».
Selon le syndicat la gestion de crise a été « défaillante » à plusieurs niveaux. Le syndicat s’interroge : « Pourquoi la direction de l’établissement ne s’est-elle pas déplacée immédiatement sur les lieux de l’accident ? Pourquoi la direction n’a-t-elle pas accompagné les agentes lorsqu’elles ont été entendues par la gendarmerie ? »
FO reproche également l’absence de suivi « Aucun soutien psychologique immédiat – notamment par une psychologue spécialisée dans les chocs post-traumatiques – n’a-t-il été déclenché sur place ou dans les heures suivantes ? », interroge encore le syndicat.
Autre dysfonctionnement pointé : « Exceptionnellement, lors de cette sortie, la prise en charge des repas n’a pas été assurée par les Petits Frères des Pauvres comme habituellement. Les agentes ont donc dû assurer elles-mêmes le service des repas. » Une surcharge logistique qui aurait contribué à la désorganisation du moment.
Le syndicat déplore par ailleurs la réponse institutionnelle : « Aujourd’hui encore, les agentes concernées n’ont reçu qu’une information sommaire leur indiquant qu’elles pouvaient bénéficier de cinq séances gratuites de psychologie via la médecine du travail – un soutien certes utile, mais insuffisant face à un tel traumatisme. »
Une des agentes concernées « refuse de se placer en arrêt maladie, par crainte du jour de carence et des conséquences sur sa rémunération ». Une demande de protection fonctionnelle serait en cours avec l’accompagnement du syndicat.
Force Ouvrière réclame « une clarification sur les décisions prises par la direction de l’établissement au moment de l’accident », « la mise en œuvre sans délai d’un accompagnement psychologique spécialisé », ainsi qu’ »un retour d’expérience (REX) dans un cadre bienveillant et sans jugement ».
Enfin, le syndicat rappelle être « pleinement mobilisé pour que les agents bénéficient de la protection que leur statut leur garantit, et que les principes de qualité de vie au travail et de management bienveillant – affichés par la Ville de Lyon et son CCAS – ne restent pas lettre morte. »