Maladroit, mais pas malhonnête. Voilà en substance la défense d’Hermano Sanches Ruivo, ce jeudi au tribunal de Paris. Le parquet a demandé la relaxe pour l’abus de confiance à l’encontre de l’ex-adjoint à la mairie de Paris en charge de l’Europe, mais requis trois mois de prison avec sursis pour prise illégale d’intérêt. La Ville de Paris a demandé de son côté 1 euro symbolique pour son préjudice.
Depuis près de quatre ans, ce Franco-Portugais de 59 ans a démissionné de son poste d’ajoint, mais continue de siéger au sein de son arrondissement, le XIVe. Celui qui était président de l’association Cap Magellan, puis consultant rémunéré pour cette entité chargée des relations économiques entre la France et le Portugal, est suspecté d’avoir participé à des délibérations afin d’octroyer des subventions pour cette association, puis touché des salaires de cette même association pour ses prestations.
« Depuis 2021, j’ai vécu des années d’angoisse, de honte »
Mais l’association Cap Magellan a annoncé renoncer à son statut de victime et envoyé un courrier au tribunal pour dédouaner l’accusé: « Hermano Sanches Ruivo n’a, à aucun moment, abusé de notre confiance, bien au contraire son action de salarié et consultant a permis de développer notre présence au Portugal et nous lui maintenons notre totale confiance. »
L’objectif de cette structure est notamment de faciliter l’accès au travail pour des Français et Portugais dans les deux pays « amis ». Et l’ex-adjoint d’Anne Hidalgo qui avait participé à sa création en était l’un des chefs de file depuis 1991. C’est dans ce cadre là qu’il rencontre Bertrand Delanoë et s’engage en politique à partir de 2008, jusqu’à son retrait en 2021, au moment où l’affaire à éclaté.
« Ma vie et ma santé ont clairement été marqués par cette procédure judiciaire, a d’emblée lâché Hermano Sanches Ruivo à la barre du tribunal. Depuis 2021, j’ai vécu des années d’angoisse, de honte. On a remis en cause ma probité, alors que je suis un garçon loyal, altruiste et militant. »
Au départ de ce dossier, un redressement du Trésor public, pour des salaires non-déclarés. Hermano Sanches Ruivo solde ce qu’il doit. Mais la mairie a décidé de saisir la commission de déontologie de la Ville afin de procéder à des vérifications et déclenche un article 40 mettant en marche la machine judiciaire.
« Ce dossier, venu sur dénonciation anonyme sur de potentiels faits de blanchiment, et pourtant vide de tout détournement au profit de mon client, donne le sentiment qu’on a voulu coûte que coûte se payer le « Portugais de service », avance pour sa part Me. Hélène Lecat, l’avocate de l’élu.
Le délibéré sera rendu le jeudi 7 août prochain.