La déception de l’élimination à une marche du Stade de France face à Bordeaux-Bègles digérée, l’heure est au bilan pour Pierre Mignoni, avant de prendre cinq semaines de vacances méritées. Et le premier enseignement, père de tous les autres, résume bien l’exercice écoulé : « C’est un bilan en progrès par rapport aux deux saisons précédentes. Il y a des choses très positives, même si, quand tu finis dans les trois premiers, tu as toujours l’ambition d’aller au bout. Ce ne sera pas pour nous cette année malheureusement, on regardera la finale à la télé », introduit sans détour l’entraîneur toulonnais, en bon demi de mêlée qu’il a été.

« 2014, 2015, c’est terminé »

Un bilan qui peut être lu à travers le prisme du jeu, avec des satisfactions – meilleure équipe en conquête et sur les mêlées, huit bonus offensifs à domicile, quatre bonus défensifs à l’extérieur (4e bilan), troisième attaque et deuxième défense en termes de points –, mais aussi, des axes d’amélioration : 9e sur les plaquages réussis, une 7e place sur la touche, une 10e sur les franchissements, une 9e sur les ballons portés. « Il y a des progrès à faire en termes d’équilibre, certainement car on tape beaucoup trop le ballon », analyse Pierre Mignoni.

Alors, quelles raisons à ce déséquilibre ? Pour le directeur du rugby du RCT, il peut s’agir « de patience. Parfois, on veut marquer trop vite, comme sur la demi. L’essai qu’on marque avant la pause, c’est sur un coup, mais on ne peut pas faire ça tout le temps. Bordeaux a marqué après plusieurs phases, et des fois, parce qu’on n’y arrive pas, on se met en difficulté. Des soutiens en retard, des ballons perdus, des 50/50 inutiles… On doit être plus froid, avoir la volonté de garder le ballon ».

Mais aussi de personnalité et d’expérience dans les grands rendez-vous, deux points sur lesquels son équipe a encore engrangé cette saison : « Il faut qu’on soit plus présents sur ces matches. C’est ce qu’on fait depuis deux ans, même la première année avec le Challenge européen. Il y a eu les barrages l’an dernier, le quart de finale de Champion’s cup, notre barrage à domicile, la demi-finale, ça crée de l’expérience commune et, par exemple, notre barrage, on ne l’a pas loupé. Par contre, je ne nous ai pas trouvés assez présents sur la demi-finale. Ça montre les progrès qu’on a à faire. Mais il y a eu aussi beaucoup de choses positives. C’est bien d’être là, pour le club, les supporters, la ville. »

Bien, « mais on peut et doit faire mieux ». Et sans les armes des années d’abondance : « L’objectif est de redevenir un club très attractif. 2014, 2015, c’est terminé. On est en 2025, le club doit se construire différemment car le modèle économique est en sursis. On doit travailler avec nos jeunes, notre recrutement, et s’il y a des choses qu’on ne peut pas faire, on ne peut pas les faire », prévient Pierre Mignoni. Intelligence et travail seront les maîtres mots, pour rattraper deux clubs de l’ouest « qui ont un peu d’avance sur beaucoup de choses ». Et pouvoir enfin éteindre la télé.