Publié le
29 juin 2025 à 12h31
Jules, Safia, Robinson, Kamil, Noa et Syrine ont entre 14 et 15 ans. Ils ont créé une entreprise dans leur collège, et pas n’importe laquelle : un magasin ! Le P’tit shop solidaire est né en mars 2025 au collège Saint-Exupéry de Roubaix (Nord). On vous raconte ce projet.
Créer une boutique solidaire, à partir de 0 euro, à Roubaix
C’est Myriam Tahri, professeure d’espagnol, qui coaché les élèves de la mini-entreprise. « Depuis septembre 2024, 6 élèves de 3e m’ont accompagné pour créer une boutique solidaire, à partir de 0 euro ! »
L’établissement a accepté de leur laisser une pièce au rez-de-chaussée pour y aménager un petit commerce, réservé aux élèves, parents et personnel du collège. « J’ai lancé un appel pour recruter des élèves, j’ai eu 36 candidats, j’en ai retenu 6, j’ai privilégié ceux que je connaissais déjà, car le projet demandait une confiance entre nous » dit l’enseignante.
Deux grandes ventes solidaires de vêtements et accessoires neufs ont eu lieu dans l’année, ouvertes aux familles des élèves. ©ASH/Croix du NordTout créer, avec rien ou pas grand chose !
Il a fallu tout créer : la déco, le logo, l’aménagement. Pour le stock, Myriam Tahri savait comment faire : « J’ai travaillé dans la vente, je savais donc que les magasins avaient des invendus à donner. j’ai contacté plein d’entreprises, des groupements comme ID Groupe, Solidarcité… Et côté matériel, j’ai récupéré des meubles gratuitement à Calais dans une entreprise qui fermait ».
Elle avait déjà organisé une grande vente solidaire dans un autre établissement à Tourcoing, et s’est servie de cette expérience. Professeurs également en université, ses étudiants ont même aidé à finaliser le logo, « pour que ça fasse pro ».
Entre fin septembre 2024 et fin mars 2025, le projet se prépare. La boutique est lancée en avril 2025, une première grande vente est organisée très vite ! « On avait beaucoup d’habits et accessoires à écouler ! »
Pour une association
Ce sont les élèves qui à tour de rôle ont tenu la boutique après les cours. Il fallait assurer, car elle était ouverte 1 h par jour les lundi, mardi, jeudi et vendredi. Pour une meilleure organisation, pas d’argent, mais des tickets. « Un ticket valait un euro, que les élèves et personnel allaient chercher auprès de notre comptable ».
En plus d’apprendre l’esprit d’entreprise aux jeunes, le projet a un autre but : il est solidaire ! « Nous avons choisi ensemble une association, à laquelle nous verserons tous les bénéfices, nous en avons cherché une basée à Roubaix » dit encore l’enseignante. Ce qui fera plus de 2000 € sur l’année ! C’est l’association Saint-Vincent de Paul, qui accompagne les personnes en précarité, qui a été choisie.
Des élèves motivés qui ont beaucoup appris
Que leur a apporté cette année au P’tit Shop solidaire ? Les élèves rayonnent et sourient. Plusieurs ont réalisé leur « grand oral » de 3e » sur ce thème. Mais leur expérience, c’est bien plus que cela ! « On s’est rendu utile » dit Safia. « Souvent, on se sent impuissant, là on a vu qu’on pouvait faire quelque chose à notre échelle ». Robinson ajoute : « C’est bien d’aider les gens du collège qui ont moins de moyens ». Noa retient « la bonne ambiance dans le groupe, et les valeurs de solidarité et d’écologie ». Jules lui a aimé « partir de rien, et voir qu’on peut créer une entreprise ».
Cela les a aussi aidés à se projeter sur un futur métier : « Je ne veux pas faire de commerce plus tard, mais cela m’a permis de savoir que j’aime parler avec les gens, alors peut-être un futur job dans les relations internationales… » dit Safia. Noa s’est occupé du design et du graphisme pour le logo, les affiches… « J’ai découvert un aspect artistique que j’ignorais, peut-être une future filière, on verra ! »
Leur professeure les trouve « plus sereins, plus perfectionnistes, plus rigoureux ». « Ils se sont entraidés, ils se sont intéressés à des associations locales, ils ont pensé à leur avenir pro. Bref, ils ont partagé des valeurs qui feront d’eux des hommes et des femmes chouettes ! »
Des mamans ravies
Au cours de la 2e grande vente, en juin, de nombreux parents sont venus profiter des produits neufs. Beaucoup de mamans étaient présentes. « J’ai 4 enfants, je devais acheter des vêtements pour l’été, ça tombe bien ! ». « Je connais les marques présentées, il y a du choix dans les tailles, et pour toutes les saisons, c’est un beau projet et en plus, c’est une bonne action puisque c’est au profit d’une association ». « C’est génial, c’est du neuf à petits prix, j’ai fini plus tôt exprès pour venir ».
Était aussi venu Abdel Bouhassoun, pilote de l’association Solidarcité, partenaire du collège. Il explique : « Différentes entreprises nous donnent leurs invendus neufs que nous redistribuons : Vert baudet, Damart, Phildar, Blancheporte, Galeries Lafayette… Pour cette grande vente du collège, nous avons donné 20 cartons, il faut compter une quarantaine d’habits par carton ». Il est ravi de voir l’engagement des jeunes : « C’est génial à se dire de s’impliquer, de vivre une démarche d’entrepreneuriat et d’aider les gens. On avait tout pour dire oui à ce projet ! »
Et l’année prochaine ?
Et maintenant ? Car les élèves étant en 3e, ils quittent l’établissement cette année. « Pour la prochaine rentrée, nous allons relancer le projet d’une boutique, mais peut-être prendra-t-elle une autre forme, selon les envies et idées des élèves » confie Myriam Tahri. Nul doute que la réputation du P’tit shop solidaire cette année aura motivé d’autres élèves en septembre prochain ! L’idée est d’élargir aux 4e le projet.
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