Depuis 2019, l’association strasbourgeoise Les Ricochets accompagne des personnes en difficulté pour les aider à surmonter les épreuves de la vie. Ses parcours, centrés sur la reprise de confiance en soi, s’adressent notamment aux femmes, adolescent(e)s et proches aidant(e)s.
Violences conjugales, deuil, maladie : ces coups durs peuvent atteindre chacun(e) d’entre nous. Pourtant, nous ne sommes pas toutes et tous égaux/les face à leurs conséquences. À Strasbourg, l’association Les Ricochets, fondée par Marie-Amélie Schmelck, veille à accompagner les personnes isolées dans ces épreuves.
Sage-femme de métier, Marie-Amélie a exercé pendant une vingtaine d’années auprès de patientes parfois en situation de grande précarité. La praticienne a vu les limites du système hospitalier, qui soigne les corps mais laisse parfois les esprits de côté. « On ne peut proposer qu’un suivi psy. Sauf qu’il existe d’autres outils. » Elle a alors souhaité épauler ces femmes en allant au-delà de l’acte médical.
Marie-Amélie Schmelck. © Mélanie Berbach / Pokaa
En 2019, la soignante décide alors de mobiliser ses formations en coaching et méditation pour aider autrement. Elle lance des ateliers pour soutenir les femmes en difficulté, donnant ainsi naissance à l’association Les Ricochets, qu’elle dirige aujourd’hui. En avril dernier, la sage-femme a rendu sa blouse pour se consacrer entièrement à ce projet.
© Les Ricochets / Document remis
« Réhabiliter les vulnérabilités » avec des ateliers
« Aujourd’hui, notre société est centrée sur la réussite. On oublie que traverser des échecs demande plus de force », déplore Marie-Amélie, révoltée par les inégalités. Elle explique une mécanique tristement classique : « Quand on vit une épreuve, un bouleversement psychologique opère. On s’isole, on perd confiance et estime de soi, et on a du mal à agir. » Surtout quand les ressources manquent.
Les Ricochets accompagnent les personnes malmenées par la vie en puisant dans leur résilience. Convaincue de l’universalité des émotions qui émergent de différentes situations, la fondatrice insiste sur l’importance de « réhabiliter les vulnérabilités ». « On ne vit pas les mêmes épreuves, et pourtant, l’impact est le même. » Grâce aux Ricochets, quel que soit le trauma, celles et ceux qui cherchent de l’aide peuvent se retrouver.
© Les Ricochets / Document remis
L’association offre trois parcours. L’un dédié aux femmes, à l’origine du projet ; un autre aux adolescent(e)s, marqué(e)s par les bouleversements ; et le dernier aux séniors aidant(e)s, qui tendent souvent à s’oublier pour aider. « Ce qui nous intéresse, ce sont ces périodes de la vie où l’on se sent à côté », précise Marie-Amélie.
Les parcours regroupent des ateliers variés, adaptés au public ciblé. Théâtre, photo, méditation… Diversifiés, ils permettent à chacun(e) de s’exprimer. « On ne veut laisser personne de côté. Ceux qui ont du mal à l’écrit pourront s’épanouir dans le dessin ou les jeux », rassure la fondatrice, qui a conçu des séances ludiques avec plusieurs thématiques, comme le stress, la joie, les limites. « Quand on a vécu des violences, on peut avoir du mal à dire non. Un atelier d’expression corporelle aborde cette question. »
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Des animateurs/rices en freelance encadrent les séances, « quasi tous issus du secteur médical ou social », affirme Marie-Amélie, qui veille à la capacité des intervenant(e)s à s’adapter à un public pas toujours acquis. « Un coach en développement personnel, qui a l’habitude de travailler avec des chefs d’entreprise, ne saura pas forcément s’adresser à notre public. »
Petits pas vers la joie
Trois dimensions sont travaillées au cours de ces parcours : « être soi », « être avec les autres » et « être au monde ». « Le but est que chaque participant reparte dans un meilleur état d’esprit qu’à son arrivée », éclaire la fondatrice. « Par ricochet, cela contribue à améliorer le quotidien de leurs proches, notamment leurs enfants. »
Loin des discours culpabilisants qui incitent à « se prendre en main », Les Ricochets veulent apporter du mieux-être dans les parcours de vie compliqués. Ici, pas d’obligation de résultat. « Notre posture est celle de la joie. On ne cherche ni à cacher l’épreuve, ni à la positiver à tout prix. »
© Les Ricochets / Document remis
Les Ricochets encouragent les petits pas pour rebondir. « Pour y parvenir, on propose de commencer par s’octroyer une sortie par mois, pour les femmes isolées, par exemple », illustre la sage-femme. Un rien pour certain(e)s, un tremplin pour d’autres.
Un seul projet : aider
À l’avenir, Marie-Amélie aimerait élargir le parcours pour les aidant(e)s, dont les profils sont, pour l’instant, proposés par Malakoff Humanis, sponsor de la démarche. « On proposerait une offre aux entreprises, qui identifieraient les salariés dans cette situation. On leur transmettrait ensuite un kit pour s’accorder une pause », révèle-t-elle. Des ateliers pour toutes et tous sont déjà proposés au grand public, avec une participation financière.
Les femmes rejoignent le programme de leur propre chef, après recommandation de la Mission locale ou de France travail, ou via les réseaux sociaux. Pour les jeunes, les ateliers sont obligatoires, dans les classes de collèges et lycées où interviennent Les Ricochets. « Mais ça leur plaît ! Certains sèchent les cours, mais viennent aux ateliers », certifie Marie-Amélie.
© Les Ricochets / Document remis
Pour diffuser leurs valeurs à grande échelle, l’asso Les Ricochets organise un festival qui se tiendra en 2026 à Strasbourg. L’événement entend mettre en avant les vulnérabilités, trop souvent tues ou stigmatisées.
« Je n’aime pas le terme inclusif. Il n’y a pas d’un côté les gens normaux et de l’autre ceux qu’il faudrait inclure. On peut traverser un burn-out, un cancer, avoir un enfant malade… Nous serons tous, un jour ou l’autre, à la marge », souligne la fondatrice. Son ambition : réhabiliter ce sentiment d’écart et montrer qu’il est possible de trouver de la joie, même dans l’épreuve.
En attendant, l’association agit là où on vient la chercher. À Strasbourg et ses environs, pour accueillir la vulnérabilité sans honte. Redonner du souffle, du lien, et l’élan pour rebondir.
© Les Ricochets / Document remis
Pour aider : faire un don, prêter un local ou communiquer. Le principe du café suspendu s’applique aussi aux ateliers, qu’on peut payer d’avance pour celles et ceux qui n’ont pas les finances. Avis aux étudiant(e)s en neuropsychologie : si l’envie vous prend d’étudier l’impact de ces ateliers, contactez Les Ricochets !
De plus, et il faut le souligner, si les ateliers sont payants (voir ici), l’association propose une tarification libre basée sur les revenus, avec un prix minimum en fonction de l’atelier. La gratuité pour les personnes sans ressources, les étudiant(e)s et les bénéficiaires de minima sociaux est aussi de mise !
Les Ricochets
33a rue de la Tour, 67200 Strasbourg
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