Par
Chloé LENTIER
Publié le
29 juin 2025 à 22h27
Le matin, ils jettent leurs déchets dans le composteur. L’après-midi, ils se battent pour arroser les fraisiers. Et parfois, ils désherbent avec un peu trop d’enthousiasme, pressent des pommes ou assistent à la tonte d’un mouton dans la cour.
À l’école Jean-de-la-Fontaine de Cléon (Seine-Maritime), on ne découvre pas la nature dans les livres. On la cultive, à pleines mains.
Cette école maternelle de 78 élèves a fait de la biodiversité le cœur de son année scolaire 2024-2025. Une dynamique collective, qui vient d’être récompensée par l’obtention du label éco-école, niveau bronze.
Un projet semé sur la motivation
Tout est parti d’un appel à projets lancé par la Métropole Rouen Normandie : « Jardiner autrement ».
Un programme ouvert chaque année à six écoles volontaires avec accompagnement pédagogique, matériel fourni, et animations sur site.
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Julie Desailly, animatrice d’éducation à l’environnement et référente du programme, a suivi l’école de Cléon dès les premiers pas : « On choisit aussi les écoles sur la motivation des enseignants. Ici, tout le monde était à fond ».
Et cela s’est vu. Compostage, observation de la biodiversité, installation d’un récupérateur d’eau, classes dehors… Trois animations pédagogiques ont été organisées sur l’année pour les moyennes et grandes sections, les petits mettant la main à la pâte côté jardin.
Une cour vivante à la place du béton
Au départ, il n’y avait qu’une cour bétonnée. En quelques mois, la maternelle s’est dotée d’un potager partagé : un carré par classe, deux en commun pour les fraisiers et les courges.
Des semis ont été faits par les enfants, la paille fournie par les services techniques, et une partie des plants achetés grâce à la coopérative scolaire.
« Chaque matin, ils remplissent leurs arrosoirs avec l’eau du récupérateur. C’est leur moment préféré ! »
Alix Dumont, directrice de l’école maternelle Jean-de-la-Fontaine
L’initiative a même franchi les grilles de l’école pour devenir intergénérationnelle. Des résidents de l’Ehpad Le Bois-Rond viennent jardiner avec les élèves autour de bacs surélevés pensés pour les personnes en fauteuil ou à mobilité réduite.
« Le potager a été imaginé pour que chacun puisse y mettre les mains », glisse la directrice.
Une pédagogie à ciel ouvert
Au-delà du jardinage, c’est toute la pédagogie de l’école qui a pris un coup de vert. Les élèves ont appris à composter, semer, reconnaître les insectes. Et à faire classe dehors dès que le temps le permet.
Les saisons ont rythmé les apprentissages : une chanson en chorale, un arbre en arts visuels, des activités autour de la nature.
Le composteur a été installé dans la cour, à portée des enfants. ©Chloé Lentier
Les déchets se trient, les créations se font en matériaux de récupération, et même les épouvantails sont faits maison.
Et les effets sont là. « Ils n’ont plus peur des petites bêtes, ils observent, posent des questions, respectent », sourit Alix Dumont. Dans la cour, le climat s’est apaisé : moins d’incidents, plus de concentration et des espaces où chacun trouve sa place.
Préparer le terrain pour l’avenir
Le label bronze n’est qu’un début. L’équipe espère recevoir bientôt les tables de pique-nique prévues pour faire classe dehors, et un nouveau financement est en attente pour aménager davantage la cour.
Le platine est en ligne de mire, mais ce n’est pas le moteur.
Une cérémonie aura lieu en novembre pour inaugurer la plaque du label éco-école. ©Chloé Lentier
« Ce qui nous anime, c’est de voir les enfants grandir autrement », explique celle qui est à la tête de l’école depuis trois ans maintenant. « On veut qu’ils grandissent curieux, conscients du monde qui les entoure, et prêts à en prendre soin ».
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