La Fashion Week de Paris s’est achevée dimanche en beauté se révélant, une fois de plus, la capitale de la mode asiatique. Plusieurs noms provenant de cette région ont mis en avant au dernier jour de cette Semaine masculine du printemps-été 2026 de très intéressantes collections surprenant par leur grande recherche textile et dans les matières. A l’instar, notamment, des maisons japonaises Doublet et Taakk et de la sud-coréenne Wooyoungmi.

Voir le défiléDoublet, printemps-été 2026Doublet, printemps-été 2026 – ©Launchmetrics/spotlight

C’est une virée à la campagne que propose Doublet, dimanche matin, au fin fond du XXe arrondissement. Le facétieux styliste japonais Masayuki Ino a organisé son défilé au beau milieu d’un potager avec bottes de foin en guise de chaises et, en bande-son, des cloches, des coups de pioche et des vaches qui beuglent. L’idée est de célébrer la bonne nourriture et les paysans qui la cultivent. Bref, le cycle de la vie, en encourageant une démarche responsable via l’utilisation de matériel récupéré, issu par exemple de filets de pêche upcyclés ou des membranes de coquilles d’œuf.
 
A ce titre, l’œuf est en passe de devenir l’accessoire le plus chic de l’été prochain. Après l’invitation en céramique de Dior, sous forme d’œufs posés sur une assiette, Doublet varie sur le thème avec un sac à main confectionné dans une boîte en carton pour œufs, un chapeau à larges bords simulant un œuf sur le plat bien croustillant, tandis que des tee-shirts proclament « I love eggs ».

Fruits et légumes ne sont pas en reste. Un poireau se métamorphose en cravate. Des bouquets de persil et des branches de céleri tissés en laine verte décorent poches et boutonnières ou s’incrustent dans des tricots au crochet composés de rondelles de carottes ou de navets. Des salades en soie froissée composent une volumineuse chemises froncée. De beaux légumes dessinés au pinceau sortent des quatre poches d’une veste saharienne, tandis que des grappes de tomates s’accrochent à la taille d’un bermuda en toile beige.
 
Les costumes sont crottés de bouse en leur bord et les jeans salis tout du long par la terre et mangés par la mousse. Certains pantalons sont pensés pour des bassins démesurés. Des peaux de banane se transforment en robes et hauts, zippés jusqu’au-dessus de la tête. Des pull-overs sont tricotés en motif peau de vache. Des poissons rouges s’invitent ici et là en fins foulards. Les filles s’habillent de robes en forme de filets de pêcheur ou dans des ensembles hérissés de simili brins de paille en laine.
 
Les accessoires amusent, comme souvent chez Doublet. A l’instar de ces bottes en caoutchouc portées à l’envers, la semelle redressée contre le tibia, ou en sac à main, et de ces gourdes ketchup, mayonnaise ou bouteille de lait.

Voir le défiléTaakk, printemps-été 2026Taakk, printemps-été 2026 – ©Launchmetrics/spotlight

 
Chez Taakk, autre marque japonaise, le dressing pour l’été prochain est particulièrement sophistiqué avec toutes sortes de procédés de teinture innovants et de détails ennoblissant la silhouette. Celle-ci prend du volume à travers de multiples broderies sculpturales réalisées à partir de rubans tirés du même tissu que le vêtement. Ailleurs la technique du dévoré est couplée avec un processus d’impression en mousse créant une fusion indistincte entre motifs imprimés, broderies et effets dégradés. 
 
« Ces textiles à la surface irrégulière, avec des ombres subtiles et une présence tactile, presque comme une surface sculptée plutôt qu’un tissu plat, permettent de créer une tension silencieuse entre le familier et l’étrange, entre la fonction et l’art », nous explique le designer Takuya Moriyama, qui a travaillé chez Issey Miyake avant de lancer sa marque en 2013. Les pleins et les vides s’alternent avec harmonie avec des textures tantôt très travaillées, comme usées, tantôt légères, à l’instar de ces manteaux en dentelle et ces tricots ajourés.
 
Pas un vêtement n’est banal, que ce soit en termes d’ornements, de traitements textiles ou de coupes, comme ces pantalons dont les proportions changent, dégageant une amplitude inattendue dans le mouvement grâce au pan de la jambe gauche élargi, cousu en drapé en diagonale sur la jambe gauche. Dans la même idée, la maison a développé un textile qui passe progressivement d’un tissu de chemise à un tissu de costume en laine, permettant au vêtement d’évoluer naturellement d’une pièce à l’autre. Une transformation non seulement visuelle, mais qui modifie aussi la structure et le comportement du vêtement.
 
« Chez Taakk, nous avons toujours exploré la frontière entre le vêtement du quotidien et l’art. Avec cette collection, nous sommes allés plus loin, en mettant en lumière les distorsions subtiles et les décalages présents dans ce qui nous est familier. En les soulignant, nous avons cherché à éveiller de nouvelles sensations à travers le vêtement », conclut Takuya Moriyama. 

Voir le défiléWooyoungmi, printemps-été 2026Wooyoungmi, printemps-été 2026 – ©Launchmetrics/spotlight

Wooyoungmi manie plus que jamais les contrastes cette saison, entre couture et sportswear, style urbain et nautique, formel et légèreté décontractée. Comme beaucoup de couturiers, Madame Woo, soit Woo Young Mi, la fondatrice de la maison sud-coréenne, prend en compte la montée des hautes températures, surtout dans les grandes métropoles comme Séoul ou Paris, et construit une garde-robe versatile fournie des pièces les plus légères possibles.
 
L’homme est à la fois rigoureux et impeccable dans son uniforme de gentleman aristocratique avec ses fixe-chaussettes, ses costumes blancs parfaitement coupés, ses élégants manteaux trois-quarts gris, cintrés et taillé dans une laine fraîche. Sans oublier la queue de pie pour les grandes occasions.
 
Mais le réchauffement climatique vient bousculer l’ordre établi. Ainsi, notre homme équipe ses chemises et tricots de cols amovibles incrustés de pierres scintillantes réfractant la lumière. Mieux! La queue de pie, emblème par excellence de ce vestiaire masculin habillé traditionnel, est réinterprétée en mode ultra light, découpée dans une viscose de soie aérienne. Même la veste-chemise en denim jaune ou rose déteint par le soleil reprend la forme de la jaquette, raccourcie et arrondie sur le devant et allongée dans le dos.
 
Cette queue de pie version estivale se porte sur des tenues de plage avec débardeur et micro-short en maille ou avec un body-maillot de bain rétro une pièce, à fines rayures et encolure plongeante. En quête désespérée de fraîcheur, certains pantalons s’entrouvrent à la taille laissant paraître un caleçon ou short, parfois doublé d’un maillot de bain. Les mailles tout aussi légères en mohair virent à la transparence telle de la gaze.

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