À la veille des vacances de Pâques, des centaines d’élèves déambulent entre les stands du Festival du livre de Paris, qui se tient jusqu’à dimanche sous la verrière ensoleillée du Grand Palais. Ça fourmille de partout, des classes du primaire et du secondaire se mêlent dans la foule, au milieu des auteurs et des maisons d’édition.

Mais en ce vendredi 11 avril, à 10 heures, des lycéens sont réunis au premier étage, dans la Grande Galerie de l’Adaptation, pour un événement un peu spécial : la remise du prix littéraire des lycéens de la Région Île-de-France. Pour cette 14ème édition, 964 adolescents issus de 32 lycées et aux différents parcours ont choisi, parmi neuf auteurs répartis en trois catégories, celui ou celle qui les a faits le plus vibrer.

Roman, poésie et bande dessinée récompensés

Ils étaient neuf auteurs répartis en trois catégories, – roman, poésie, bande dessinée -, pour ce prix littéraire des lycéens de la Région Île-de-France. Trois d’entre eux ont été plébiscités par le jeune public sous des tonnerres d’applaudissement. Ainsi, Guillaume Nail a été récompensé pour son roman On ne se baigne pas dans la Loire, Sofía Karámpali Farhat pour son recueil Zaatar, et Tiphaine Rivière pour sa bande dessinée La Distinction.

Avant l’annonce des résultats, les délégués de chaque classe ont pris la parole au nom de leurs camarades pour partager ce que ces derniers mois à travailler sur les ouvrages qu’ils ont étudiés pour l’occasion leur ont apporté. Sensibles aux mots des auteurs, aux sujets abordés dans les œuvres, et poussés par ce projet à le vivre ensemble, ces lycéens montrent combien ils ont apprécié l’exercice, d’autant plus en ayant l’occasion de rencontrer ceux qu’ils ont lu.

Des lycéens ont remis un prix littéraire à trois auteurs lors du Festival du livre de Paris. © AP/Maud-Alexia Faivre – 964 lycéens franciliens ont étudié pendant des mois des œuvres littéraires avant de choisir celles qu’ils préféraient. Des auteurs émus mais fiers

Quant aux auteurs récompensés, ils ont vivement partagé leur émotion et leur fierté. ″Je suis très heureux de ce prix, s’exclame Guillaume Nail, parce qu’il est remis par les lycéens et les lycéennes, qu’il y a eu énormément de rencontres, qu’on a discuté, qu’on a échangé, qu’ils avaient préparé plein de choses″. L’écrivain confie être ravi de voir que, deux ans après sa sortie, son livre continue de vivre et d’être lu : ″C’est tellement joyeux […], il y a un échange, quelque chose de très vivant là-dedans″.

Un avis largement partagé par Tiphaine Rivière, qui a fait le parallèle entre la solitude de l’auteur à l’œuvre et ce moment de partage avec l’impression d’être accueillie « comme une rockstar ». Tiphaine Rivière avoue également que cette rencontre lui a permis de poser un œil nouveau sur La Distinction, après avoir demandé aux adolescents de réécrire les dialogues de la manière dont eux les auraient tenus : ″Je n’aurais pas fait la même BD si je les avais rencontrés avant, c’était très intéressant d’analyser le langage, notamment parce qu’ils viennent de classes sociales différentes. C’était vraiment nourrissant, mais trop tard, et donc c’était frustrant parce que je me disais que si je leur avais parlé avant de faire cette BD, elle aurait été bien plus riche″.

Mais celle chez qui l’émotion est la plus vive, c’est Sofía Karámpali Farhat, dont le recueil de poésie, Zaatar, est un puissant hommage au Liban, son pays d’origine qui connaît encore la guerre aujourd’hui. ″L’émotion est très forte car j’aurais tellement aimé pouvoir participer en étant lycéenne à ce genre de prix », admet-elle d’une voix encore nouée, « mais ce moment m’a confirmé que je fais ce que j’ai toujours eu envie de faire″. Face à une adolescence qui a choisi de récompenser ses mots, elle voit un rêve qui se réalise aujourd’hui : ″Quand j’ai vu tous les élèves, lors des rencontres, essayer de démystifier la poésie, la rendre accessible, la ramener au lien humain, c’est pouvoir leur dire de résister par la poésie, de libérer leur voix, parce qu’on en a tellement besoin aujourd’hui″.

La littérature, pas l’affaire des jeunes ? Dans la Grande Galerie de l’Adaptation au Grand Palais, la dialogue s’est pourtant bel et bien installé.