En 2025, il n’est pas rare de croiser un écran Windows XP dans un hôpital, un distributeur automatique ou même une rame de métro. À New York, un ascenseur ultramoderne affiche un message d’erreur venu tout droit du début des années 2000. En Allemagne, la Deutsche Bahn recrute encore des techniciens capables de jongler avec MS-DOS et Windows 3.11 pour entretenir l’affichage des cabines de train. Et à San Francisco, certains trains ne démarrent qu’une fois une disquette insérée dans leur contrôleur central.
L’héritage encombrant de Microsoft
Ce n’est pas un hasard. « Windows est une infrastructure à part entière », explique Lee Vinsel, professeur à Virginia Tech, à la BBC. « On le retrouve partout parce qu’il a été partout. » Microsoft a réussi à imposer son système comme un standard, si bien que de nombreux secteurs, notamment industriels, bancaires ou administratifs, restent tributaires d’anciennes versions de Windows. Quitter ces logiciels serait coûteux, risqué, ou tout simplement impossible sans reconstruire l’infrastructure entière autour.
L’exemple des distributeurs automatiques est parlant. Beaucoup tournent encore sous Windows XP ou Windows NT, malgré l’arrêt du support officiel depuis 2014. Les coûts sont trop élevés pour justifier la mise à jour, il faut réécrire les logiciels propriétaires, vérifier la compatibilité matérielle, se mettre aux normes…
Dans les hôpitaux, la situation est parfois absurde. Il faut parfois attendre de longues minutes d’attente chaque matin dans ce service des anciens combattants américains, le temps que l’ordinateur sous CPRS veuille bien démarrer. Ce logiciel de gestion médicale repose sur un socle encore plus ancien, VistA, lancé en 1985 sur MS-DOS. Le système doit être remplacé… d’ici 2031.
Ce « retard technologique organisé » est souvent la conséquence d’un manque d’investissement dans la maintenance. On préfère souvent ajouter de nouvelles fonctionnalités plutôt que moderniser l’existant. Résultat : les compétences se font rares, les erreurs se multiplient, et une mise à jour devient un casse-tête.
Si Apple impose un renouvellement régulier en délaissant rapidement ses anciens produits, Microsoft a longtemps cultivé l’inverse. En misant sur la rétrocompatibilité et des durées de support généreuses, l’entreprise s’est imposée dans les entreprises, les services publics, les transports. Un succès qui a un revers : de vieux systèmes continuent de tourner bien au-delà de leur date de péremption. Qu’il s’agisse d’une imprimante d’art, d’un système de santé ou d’un métro, on est parfois loin du tout-numérique flambant neuf… mais à portée de l’écran bleu de la mort !
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités et sur notre WhatsApp. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.