Officiellement, les grandes vacances ne commencent que samedi 5 juillet. Mais ce lundi 30 juin 2025, certains élèves n’iront pas à l’école. La faute aux chaleurs écrasantes. Météo France a placé 84 départements en vigilance orange canicule. Les maximales atteindront souvent les 38 à 40 °C sur le sud de l’Hexagone, et les 35 °C vont être aisément dépassés sur les deux tiers sud du pays, jusqu’en Île-de-France.
Tours (Indre-et-Loire), Melun (Seine-et-Marne), Écommoy (Sarthe)… Par précaution, plusieurs villes vont fermer temporairement leurs écoles – une demi-journée, ou plus – car elles sont inadaptées lorsque le mercure atteint de telles températures. « Il faut qu’on soit très vigilants », et « pragmatiques, et qu’on prenne des décisions au cas par cas », a commenté la ministre de l’Éducation Élisabeth Borne sur France 3 . « S’il y a un problème, il faut à la fois permettre à des parents qui le peuvent de garder leurs enfants à la maison, et en même temps avoir des solutions pour ceux qui le peuvent pas », a-t-elle ajouté.
« À l’assaut du réchauffement climatique avec un brumisateur »
Alors que le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a convoqué ce dimanche soir une réunion interministérielle, celui de l’Éducation nationale a rediffusé aux recteurs les instructions pour garantir la sécurité des élèves et des personnels : rester dans des salles à l’ombre, fermer les volets, maintenir les fenêtres fermées…
« Dans ces cas-là, la santé prime. L’attention des élèves diminue, alors on adapte les activités, on organise des jeux d’eau, on veille à ce qu’ils boivent régulièrement, commente Aurélie Gagnier, du syndicat d’enseignants Snuip-FSU. Mais on doit encore travailler dans l’urgence, alors que nous alertons depuis des années sur les risques liés au climat. Rien n’est anticipé. »
Du côté de la principale fédération de parents d’élèves, Grégoire Ensel, vice-président de la FCPE, dénonce aussi une « grande débrouille » et réclame « un protocole clair » . « Là, on a l’impression de partir à l’assaut du réchauffement climatique avec un brumisateur », ironise-t-il.
Des épisodes de chaleurs plus fréquents
À l’avenir, le climat est appelé à se réchauffer du fait des émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines (transports, agriculture, industrie…). La fréquence de tels épisodes météorologiques doit s’accroître, alerte le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) dans son dernier rapport.
« Ces épisodes de chaleur pourraient bientôt s’étendre de mai à septembre, imagine Grégoire Ensel, de la FCPE. Il faut un plan massif de rénovation du bâti scolaire, inadapté face aux enjeux climatiques. On espère que cette question sera au cœur des programmes des prochaines municipales. »
Pour faire face au réchauffement climatique, les mairies, qui gèrent les écoles, tentent de s’adapter. En installant des îlots de fraîcheurs en extérieur, par exemple. Paris, Lille, Strasbourg, Rennes… La végétalisation des cours de récréation s’accélère. Mais il faut aussi accueillir les élèves en classe dans les 60 000 écoles, collèges et lycées du pays.
Des écoles à rénover
Or, une grande partie de cet immobilier scolaire a été construite avant 1975. En 2022, le ministère de l’Éducation estimait qu’au moins 10 % des établissements, « susceptibles de générer un inconfort très important l’été comme l’hiver », avaient besoin d’une rénovation thermique. Un chiffre sous-estimé aux yeux des partenaires sociaux. Ils s’appuient sur un rapport parlementaire de 2023 consacré à l’adaptation de l’école aux enjeux climatiques, qui avait épinglé un bâti scolaire « qui ne garantit pas un bon confort thermique », dans un « contexte marqué par la hausse globale des températures ». Mais ses auteurs soulignaient aussi la difficulté d’évaluer précisément les besoins. Face à ce constat, un plan pour rénover 10 000 écoles d’ici à 2027 avait été lancé , avec un budget de 500 millions d’euros alloué par l’État via le Fonds vert pour aider les collectivités.
Une aide financière qui a « fondu comme neige au soleil » en cette période de rigueur budgétaire, regrette Frédéric Leturque, le maire d’Arras. En charge des dossiers éducation à l’association des maires de France (AMF), il ajoute : « Que ce soit pour les canicules, ou les grands froids l’hiver, le rapport parlementaire estime qu’il faudrait des dizaines de milliards d’euros d’investissements publics si on veut être au rendez-vous du changement climatique. »