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Rédaction Nice

Publié le

30 juin 2025 à 7h06

Une « enquêtrice pénale » et « contrôleuse socio-judiciaire » pour le compte du tribunal judiciaire de Nice (Alpes-Maritimes) a été condamnée ce jeudi 19 juin 2025 par la Juridiction inter-régionale spécialisée (JIRS) de Rennes (Ille-et-Vilaine) pour son implication dans un trafic de stupéfiants qui avait donné lieu à « la plus grosse saisie de drogue » jamais réalisée en Mayenne. Justine XXX faisait en effet partie des neuf personnes jugées depuis le lundi 16 juin 2025 dans cette affaire qui avait été marquée par la saisie de 200 kg de cannabis : elle était en fait la maîtresse de Sulaymaan XXX, présenté comme le « coordonnateur » de ce trafic de cannabis et cocaïne mis au jour en mars 2018 par la Brigade de recherches (BR) de Mayenne.

Une ligne téléphonique suspecte

Les gendarmes avaient donc voulu « investiguer » les lignes téléphoniques de ce footballeur amateur, qui vivait avec sa compagne et ses trois enfants à Louverné (Mayenne), près de Laval… mais s’étaient vite aperçus qu’il « ne possédait pas de téléphone » : il utilisait ceux de ses proches, et notamment « une ligne téléphonique au nom de sa maîtresse » de 25 ans.

Cette « enquêtrice pénale » et « contrôleuse socio-judiciaire » avait donc été mise en cause devant la JIRS de Rennes pour « complicité », « blanchiment d’argent » sale et « association de malfaiteurs ».

Un complice au commissariat ?

À la barre, la jeune femme a d’emblée fait savoir que cette relation amoureuse « n’était pas cachée » puisque la famille de son amant – notamment sa sœur – « la connaissait » et qu’elle échangeait régulièrement avec elle. C’est d’ailleurs en relevant des messages envoyés par Justine XXX à la sœur de Sulaymaan XXX que les enquêteurs l’avaient mise en cause.

Il apparaissait également qu’elle semblait « avoir un contact au sein du commissariat de police de Laval » : ledit « contact » lui aurait révélé que son amant faisait l’objet d’une commission rogatoire… Interrogée sur ce point « inquiétant » par le procureur de la République, elle lui a certifié que son « informateur » ne faisait pas partie « des forces de l’ordre ».

Elle admet avoir servi de « prête-nom »

La jeune contrôleuse judiciaire, jusqu’alors inconnue de la justice, avait aussi déclaré au cours de la procédure avoir « participé » à l’achat d’une Mercedes Classe A avec Sulaymaan XXX, mais elle s’est rétractée à l’audience : elle a « dit des choses fausses » en garde à vue car elle n’avait à l’époque « pas les codes d’un interrogatoire ».

Justine XXX savait en revanche que son amant avait « trafiqué des stupéfiants » puisque c’était « de notoriété publique » et a admis lui avoir servi de « prête-nom » pour qu’il achète des cartes SIM, des téléphones ou qu’il loue des voitures. Elle avait même assuré à un loueur avoir « suivi une formation » pour justifier des « 5.000 km » qu’il avait faits lors de sa location…

Elle nie son implication dans le trafic

L’enquêtrice socio-judiciaire a aussi certifié « ne pas avoir eu connaissance de la source de rémunération » de son amant, officiellement sans emploi. Elle pensait qu’il s’agissait des « primes de matchs et d’entraînement » de cet amateur de futsal, connu localement pour avoir joué à Mayenne et Château-Gontier et qui évolue désormais comme « milieu défensif » à Bonchamp-lès-Laval (Régionale 1). La contrôleuse judiciaire avait pourtant « posé des questions » à son amant, avait-elle certifié à la JIRS, mais elle n’a « jamais obtenu de réponse ».

Justine XXX avait aussi assuré ne pas avoir pris part à ce trafic de stupéfiants, même si l’une des voitures qu’elle avait louée avait pris part à un « go-fast ». Elle s’était également « rendue au Maroc en 2018 » et a accepté d’envoyer de l’argent par « transfert de fonds » à Saïd XXX, le mari d’une amie, lui aussi mis en cause dans cette affaire.

Mise en examen

Déclarant « ignorer » que les fonds en question provenaient du trafic de stupéfiants, elle avait dit avoir accepté ces transactions « pour se faire un peu d’argent », ce qui lui valu d’être mise en examen pour « blanchiment d’argent ». Elle a finalement écopé d’un an de prison avec sursis simple et d’une amende de 1.000 €. Son avocate avait demandé que sa peine ne soit pas inscrite sur la partie du casier judiciaire accessible aux employeurs, mais la JIRS s’y est opposée. Sa cliente ne pourra donc plus travailler pour l’administration française.

Les autres prévenus mis en cause dans cette affaire ont écopé de peines allant de six mois d’emprisonnement avec sursis simple à deux ans et demi de détention ferme pour Sulaymaan XXX. Ayant déjà purgé cette peine dans le cadre de sa détention provisoire, l’ancien amant de Justine XXX est sorti libre de l’audience.

IP (PressPepper)

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