Cinq mois après le décès de Nicolas Florian, l’idée d’une campagne municipale unique et commune de l’opposition bordelaise n’est plus qu’un mirage. Les candidats, nombreux, campent sur leurs positions tout en multipliant les appels à l’union.
À Bordeaux, les membres de l’opposition municipale, toujours divisés, campent sur leurs positions. L’alliance annoncée par l’ancien chef de file de la droite Nicolas Florian (LR) dans nos colonnes le 20 janvier dernier, s’est évanouie depuis sa disparition brutale des suites d’un AVC. «Nicolas avait une manière de faire de la politique et d’être aux autres, avec douceur et autorité, que ne possèdent pas ceux qui veulent lui succéder», regrette l’un de ses proches. Depuis son décès, les candidatures pour affronter le maire écologiste sortant, Pierre Hurmic, sont légion. Les appels à un «grand rassemblement» demeurent sur les lèvres de Nathalie Delattre (Parti radical), Thomas Cazenave (Renaissance) et Alexandra Siarri (sans étiquette). Tous revendiquent pourtant le statut de candidat déclaré. De son côté, l’ancien adjoint d’Alain Juppé, Pierre De Gaétan Njikam (Les Républicains) a annoncé dès mars qu’il briguerait la mairie. Philippe Dessertine, universitaire, envisage également d’entrer dans la course, comme il l’a confié au Figaro.
«Ce qui avait été construit autour de l’histoire et de la personnalité de Nicolas Florian a disparu avec lui quand il est décédé. Ce temps permet à chacun de réfléchir et cela ne veut pas dire que toutes possibilités d’alliance n’existent plus», nuance Alexandra Siarri, conseillère municipale. Pourtant, cinq mois après la disparition de Nicolas Florian, l’unité espérée semble de plus en plus illusoire. Le député et ex-ministre Thomas Cazenave a organisé son premier meeting ce mardi. La sénatrice et ministre Nathalie Delattre s’est adressée aux Bordelais via un courrier début juin. Alexandra Siarri organise sa première conférence de presse, mercredi prochain. L’élu municipal Pierre De Gaétan Njikam, lui, est prêt à mener «une rude bataille» pour obtenir l’investiture LR et espère que «Bruno Retailleau aura le courage de ne pas écouter les sirènes locales et de voir sa légitimité au sein de leur famille politique».
Les Bordelais commencent à nous dire : “Qu’est-ce que vous foutez ? Cazenave ou Delattre, on s’en fout. Unissez-vous pour dégager Hurmic”
Une observateur politique local
«Je constate que l’alliance est plus difficile que prévu et qu’elle traîne alors que je plaide pour une démarche unitaire avant l’été, affirme Thomas Cazenave. Je prêche l’union dans le désert alors que jusqu’à preuve du contraire, je suis convaincu d’être le meilleur candidat pour battre Pierre Hurmic.» Nathalie Delattre, qui préside le mouvement Bordeaux Ensemble au sein duquel cohabitent les élus Modem et LR, à l’instar de Fabien Robert ou Géraldine Amouroux, riposte : «Thomas Cazenave est en campagne depuis 2019. Mais l’union nous l’avons déjà faite et elle se fera également avec Renaissance s’il accepte de la rejoindre.»
Divergence d’idées ou guerre d’ego ?
«Je les crois sincère sur leur volonté de s’unir. Mais, comme ils n’arrivent pas à déterminer leur tête de liste en raison de leur envergure politique équivalente, ils font monter la pression», avance un observateur avisé. Tandis que Pierre De Gaétan tacle : «De qui parle-t-on quand on parle de la droite bordelaise ? Nathalie Delattre et Thomas Cazenave sont tous deux issus du bloc central : ils devraient pouvoir se retrouver. Donc soit ils ont de réelles divergences de visions, soit leurs positions respectives relèvent de l’ordre de l’irrationnel et du narcissisme.»
L’opposition bordelaise parviendra-t-elle à s’allier à la rentrée ? Lors du dernier scrutin, Pierre Hurmic avait créé la surprise en créant un rassemblement tardif, en janvier, mais il avait «la sociologie de la ville avec lui», souligne une personnalité politique locale. En toute hypothèse, demeurer désunis trop longtemps pourrait devenir dangereux pour tous les candidats. «Je pense comme tous ceux qui veulent que Pierre Hurmic ne soit plus maire que s’il y a plusieurs candidatures cela ne marchera pas», admet Alexandra Siarri.
Un membre de l’opposition, lui, alerte : «Les Bordelais commencent à nous dire : “Qu’est-ce que vous foutez ? Cazenave ou Delattre, on s’en fout. Unissez-vous pour dégager Hurmic”.» Avant d’avouer : «Le vrai risque, c’est que certains électeurs se disent que cela ne vaut pas la peine de voter utile et qu’ils se fassent plaisir dans l’urne en votant RN.» Une éventualité d’autant plus probable que Bruno Paluteau, le traditionnel candidat du parti à la flamme aux élections municipales bordelaises, a cédé sa place à la députée européenne Julie Rechagneux qui dispose d’une plus grande notoriété.