Au Stade de France,
Ce n’est pas donné à tout le monde, mais il faut avoir une certaine dose de confiance en soi, ou un je-m’en-foutisme absolu, pour débarquer devant des dizaines de journalistes en zone mixte à poil, seulement équipé d’un slip rouge orné d’une dizaine de logos du Stade Toulousain. L’arrière-ailier écossais Blair Kinghorn est à l’image de son club : il ne doute de rien, et encore moins en finale, comme samedi au Stade de France face à l’Union Bordeaux-Bègles.
Dans un remake de l’affiche de la saison passée, où les Rouge et Noir avaient corrigé leur voisin du Sud-Ouest dans le « chocolatinico » ultime (59-3), l’enfer était cette fois promis aux Toulousains. Le jeu fantastique des Bordelais, emmenés par leurs arrières volants, des prestations moins abouties dans le jeu ces dernières semaines, la pléthore de cadres blessés (Antoine Dupont, Peato Mauvaka, Alexandre Roumat, Ange Capuozzo)… C’était écrit, l’UBB allait décrocher son premier Bouclier de Brennus, après avoir déjà remporté le titre européen.
Dans une sorte de jeu du chat et la souris avec son homologue Yannick Bru, Ugo Mola a toute la semaine refusé le statut de favoris. « Ceux qui nous connaissent un peu ont immiscé le doute, a expliqué l’entraîneur toulousain après le succès des siens (39-33 a.p.). C’est du poison le doute. Et au final, non, ce n’est pas du doute, on avait envie de bien faire, on avait envie de gagner, évidemment, mais nos prestations n’étaient pas à la hauteur de ce qu’on voulait faire, avec évidemment beaucoup d’aléas. »
« Une énergie de dingue toute la semaine »
Et s’il y a un bien un club auquel il faut faire confiance en finale, c’est bien le Stade Toulousain. Aucune défaite lors des dix derniers matchs qui sacrent une équipe, quatre titres en France sur les cinq dernières années. Il y a un certain savoir-faire du côté de la Ville Rose qui vous permet de voyager au Stade de France les doigts de pied en éventail. « On a fait vraiment une super semaine de travail, il y a eu une énergie de dingue toute la semaine, a commenté le deuxième ligne Thibaud Flament. Sur le dernier entraînement, on a probablement fait le meilleur de l’année et je pense que c’est là qu’on a pu puiser un peu les ressources jusqu’à la fin. »
Jusqu’à se remettre de ce coup du sort et de cette pénalité de Maxime Lucu sur la sirène qui a envoyé trente corps déjà exténués en prolongation. Une égalisation (33-33) in extremis qui permettait à l’UBB de reprendre le fameux momentum cher aux rugbymen. En vain. Deux pénalités de Thomas Ramos en fin de prolongation et un 24e Bouclier de Brennus ramené sur le Capitole, sans qu’il n’y ait franchement grand-chose à redire, tant la domination des hommes d’Ugo Mola, notamment devant, a été totale.
Alors, le Stade Toulousain a-t-il une recette spéciale au moment d’aborder les finales ? Pas vraiment assure Ugo Mola : « Peut-être que c’est les Transformers, mais le problème c’est qu’il y a 26 journées [de championnat] à se cogner. Je sais bien qu’on a envie de jouer que les finales, mais il faut y arriver quand même. » Et dans ce chemin vers la gloire, cette saison, il y a eu ces trois défaites face à l’UBB (deux en Top 14, une en demi-finale de Champions Cup), qui ont peut-être été déterminantes au moment d’aborder ce rendez-vous à Saint-Denis.
« Toulouse ne se trompe jamais deux fois d’affilée »
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« Toulouse ne devient pas nul en un match, assurait Maxime Lucu. On sait très bien le championnat qu’ils font, ils ont tous les records en attaque et en défense, on savait bien qu’ils allaient préparer ça différemment et tenter des choses différentes. Ils ne se trompent jamais deux fois d’affilée. » Son coéquipier Romain Buros soulignait d’ailleurs la bonne préparation des Toulousains, qui a grippé l’organisation offensive des Girondins :
« « Je pense qu’ils avaient très bien préparé leur match, avec certaines façons de nous jouer, certaines façons de nous défendre, qu’ils n’avaient pas eu l’habitude de faire contre nous. On s’attendait à ce qu’ils nous jouent différemment, mais ils l’ont très bien fait. Félicitations à eux par rapport à ça. On a su revenir sur des coups d’éclair, mais malheureusement, ça n’a pas suffi. » »
Un plan respecté à la lettre qui s’est traduit par une immense joie à la fin de la rencontre, comme s’il s’agissait d’un premier titre. « Je n’avais pas ce match référent [depuis le début de la saison], je n’avais pas ce petit panache que Bordeaux avait et que Bordeaux a su mettre pour être champion d’Europe. Donc, quelque part, on se disait si ce n’était pas la place d’un autre, mais on avait vécu ça contre La Rochelle [en 2023]. Je pense que l’expérience nous a aidés aussi. » Oui, quand on a 23 Bouclier de Brennus dans la vitrine à trophées, ça aide un peu, effectivement, au moment de préparer ces grands rendez-vous…