« Que cela devienne un lieu de rendez-vous ». Si cette prédiction n’a pas forcément jailli du marc de café, elle chauffe les espérances de Jean Valfort, un des patrons du Grand Café des Fleurs. Le célèbre établissement, qui fut une institution historique, proche des bouquets et des plantes, situé 13 cours Saleya, vient de rouvrir. Après des mois de travaux colossaux. Plus grand, grâce à l’intégration d’un restaurant contigu.
Porté par une décoration inattendue. Faite de bois de chêne omniprésent, de faïences azulejos (1), de miroirs au plafond, de lumières savamment dosées, de gerbes élancées de fleurs séchés. Rehaussée d’un bar spectaculaire à l’ancienne, lui aussi en bois, derrière lequel, une escouade de jeunes s’activent à préparer des recettes liquides aussi inédites que le contenant.
À la tête de cette affaire frangée de stores bleu de mer, il y a Panorama Group, société dirigée par Jean Valfort et Jean-François Montfort, déjà détentrice de Bocca Nissa, 3, rue Saint-François-de-Paule, du Félix, 12, avenue Félix-Faure, de Bocca Mar, promenade des Anglais et de Bocca Sunset à La Baule.
Renouer avec un passé intense
Photo Justine Meddah.
Pourquoi guigner cet emplacement du cours? L’envie de renouer avec l’histoire. « Le Café des Feurs est une institution remontant au moins au début du XXe siècle, raconte Jean Valfort. Elle passa entre différentes mains, ouvrant à l’aube avec les marchands de fleurs et de fruits et légumes. Au fil du temps, les cafés ont un peu disparu sur cette partie du cours, ce que regrettaient les fleuristes et les antiquaires. Après Le Félix, on s’est dit que c’était sympa de faire revivre une adresse emblématique. Alors, pourquoi pas ici? En novembre 2024, au moment où on ouvrait Le Félix, on a racheté cet ex-Café des Fleurs qui était devenu le Di Yar. Mais comme il était trop petit, on a racheté également l’établissement mitoyen Bongusto. Les travaux ont démarré fin décembre pour une ouverture fin mai. »
Près de 700m2 de surface hors terrasse pour 120 couverts intérieurs et 200 extérieurs, animés par une soixantaine d’employés et dotés d’une mise en scène signée. Jean Valfort s’en amuse: « Les décorateurs c’est nous. C’est 100% maison avec des artisans locaux. On a voulu quelque chose d’intemporel, moins osé que Le Félix. » Avec un maximum de menuiseries. Le patron parle des « fleurs en bois » aux deux extrémités du bâtiment. On dirait deux énormes sabliers ou vortex canelés, surplombant des banquettes arrondies. Du bois partout. Même les enceintes ont leur habillage de chêne globulaire, né des mains du carnavalier Cédric Pignataro. D’immenses vieilles photos du marché aux fleurs, des toilettes cylindriques multicolores complètent cette métamorphose.
Des cocktails à base de fleurs
« On a voulu un resto qui soit aussi un café avec petit-déjeuner, déjeuner, goûter, dîner. Il y a deux cuisines, un labo de pâtisserie, notre chef, Imer Isejni, italo-albanais, vient du Louis XV à Monaco, nous avons une pâtissière. »
La carte évolue au gré de la journée. Elle démarre avec cafés et thés confiés à des baristas et associés à toutes sortes de laits. « Notre offre de cafèterie est très importante, différente de l’offre classique. » Effectivement, le thé au lait de vache, à la spiruline et à la noix de coco force l’admiration. L’expresso, servi avec des friandises, est à 2,50 euros, le café crème à 5 euros ou encore le chocolat viennois à 7 euros. Suivent les suggestions de carrot cake, croque à la truffe, roll au saumon, panisses (7 euros), petits farcis niçois (14 euros les 3 pièces et 2 euros les 5), perugines (15 euros), porchetta maison (24 euros), salade de poulpe (24 euros), magret de canard (25 euros), grandes pizzas (40cm de diamètre pour un prix compris entre 13 et 19 euros), tarte au chocolat, paris-brest… La carte des vins (de 6 à 10 euros le verre) se veut complète et les cocktails signatures distillent l’inédit souvent à base de fleurs comme « La rose dans le verre » (vodka, Lillet blanc, sirop de rose, à 14 euros). Au final, « une offre hyper transverse » en pleine floraison sous une enseigne ouverte tous les jours de 7h à minuit.
1. Carreaux de faïence décorés, comme au Portugal.