Douze ans après son départ de l’USAP, Nicolas Mas revient dans son club de cœur pour lui apporter sa science de la mêlée et du jeu d’avants. Un défi qu’il s’apprête à relever avec envie et humilité.
Nicolas Mas de retour ! Lorsque l’USAP reprendra le chemin de l’entraînement, le 16 juillet prochain, l’une des nouvelles têtes de l’encadrement catalan ne sera pas inconnue des supporters usapistes. Nicolas Mas, capitaine des champions de France 2009, surnommé « le Bus », succédera à Perry Freshwater, qui était son compère de la première ligne en finale face à Clermont, au Stade de France. Le droitier succédera à son ancien coéquipier gaucher d’origine néo-zélandaise, en partance pour le Stade Français.
Lorsque la nouvelle fut officialisée par le club, le 3 avril dernier, l’enthousiasme succéda rapidement à la surprise. On ne s’attendait pas forcément au retour du pilier le plus sélectionné en équipe de France (85). Mais lorsqu’il fallut songer à remplacer Freshwater, Franck Azéma et David Marty ont sondé l’ancien droitier de la mêlée catalane. « Franck et David sont venus me voir, raconte celui qui ne voulait pas commenter sa décision avant le dénouement de la saison 2024-25. Ils m’ont expliqué ce qu’ils voulaient, ce qu’ils attendaient de moi. Et ce qu’ils m’ont dit m’a fait réfléchir. Je n’étais pas préparé à une telle idée. Pour moi, revenir dans le rugby, à ce poste-là, était loin de mes pensées. Alors, j’ai fait comme j’ai toujours fait. J’en ai parlé avec Marjory, ma femme, car c’est elle qui allait être la première impactée par la décision. Elle m’a soutenu. » Le traumatisme de son départ de l’USAP évacué – « Ça ne s’est pas passé comme je le souhaitais, mais j’ai passé l’éponge » dit-il sobrement – il était prêt à relever ce nouveau challenge, « à 150 % ! ». « Franck et David sont des gars que j’aime beaucoup, poursuit-il. J’ai passé de belles années à leur côté. »
Il avait impressionné Fabien Galthié
Il va démarrer une nouvelle carrière, adjoint du nouveau responsable des avants de l’USAP, Mathieu Cidre, qui arrive de Vannes cet été. Un duo inédit, qui se connaît peu. « Mathieu a un an de moins que moi, explique Mas. On s’est parlé au téléphone lorsque j’ai accepté la proposition du club. On a joué l’un face à l’autre chez les juniors, lui « talon » (talonneur) à Béziers, moi pilier à l’USAP. On s’est bien entendu. Il faut que l’on soit sur la même longueur d’onde. Pour réussir dans le rugby, il faut être collectif… et connectés. »
Même s’il s’était fait discret ces dernières années, Nicolas Mas n’a jamais coupé avec son sport. Discret, un brin taiseux, il répondait peu aux sollicitations, se contentait d’aller voir jouer ses fils (Paul vient d’arrêter tandis que Louis joue pour les Crabos de l’USAP), ou de donner un coup de main au staff d’Argelès, son club formateur. Ce qui ne l’empêchait pas de suivre l’évolution du rugby, et notamment, celle du jeu des avants. Lorsqu’il était entraîneur de Montpellier (2010-14), Fabien Galthié l’avait eu dans son effectif une saison durant (2013-14). Il l’avait surnommé « chercheur en mêlée », et s’était montré surpris par l’investissement de son pilier droit aux entraînements et dans les discussions techniques. « Une chose m’a marqué avec Nicolas, racontait alors l’actuel entraîneur du XV de France. C’est sa façon de penser, toujours positive, malgré les galères qu’il a connues. Lorsque les règles de la mêlée ont changé, il n’était pas très heureux que l’on réduise l’impact à l’entrée, mais il n’est pas resté là-dessus. À force de recherche et de travail, notamment avec son mentor Didier Sanchez, il a réussi à trouver des solutions et poursuivi sa longévité au plus haut niveau. »
À l’évocation de ce souvenir, Nicolas Mas sourit. « C’est vrai que j’ai toujours aimé trouver quelque chose pour ne pas être dominé en mêlée fermée, acquiesce-t-il. La mêlée est un exercice très compliqué, où tout est remis en question à chaque fois. J’ai quelques idées sur ce que je veux mettre en place… » Il a apprécié l’issue du match à Grenoble, où la dernière pénalité qui maintenait l’USAP en Top 14 fut réussie suite à une mêlée gagnante. « L’essentiel a été assuré, après une partie suffocante ! »
En attendant le 16 juillet, Nicolas Mas s’est mis en disponibilité de son travail de mécanicien chez Prestige Auto. « Je dois remercier Laure Najar et Francis, mon chef d’atelier, pour leur compréhension. » L’esprit libéré, il peut désormais relever le défi qui occupera ses deux prochaines années : « Poursuivre le travail de Perry (Freshwater). Je me mets une pression, positive… » Franck Azéma l’a bien prévenu : « Tu vas beaucoup moins bien dormir maintenant… »