L’enquête sur les conditions d’organisation et de financement de l’Eurovision Junior diffusé sur France Télévisions et d’un colloque sur le climat organisé par La Tribune à Nice s’accélère avec ces auditions.

Le maire Horizons de Nice Christian Estrosi et son épouse Laura Tenoudji-Estrosi sont convoqués, ainsi que des responsables de médias, pour être entendus lundi dans une enquête judiciaire sur l’organisation d’événements dans cette ville, a-t-on appris de sources concordantes, confirmant des informations de Mediapart et de Nice-Matin.

Selon une source proche du dossier, une dizaine de personnes au total sont convoquées dans le cadre d’enquêtes, initialement ouvertes à Nice puis transférées à la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Marseille, sur l’organisation à Nice en 2023 du concours de chant Eurovision Junior, qu’organisait et retransmettait France Télévisions, et d’un autre événement, le Nice Climate Summit, organisé également en 2023 par le média économique La Tribune.

France Télévisions a confirmé vendredi dans un communiqué «la convocation de sa présidente», Delphine Ernotte Cunci, «ainsi que de salariés du groupe et d’une filiale pour être entendus dans le cadre d’une enquête judiciaire portant sur l’organisation d’événements dans la ville de Nice». Le groupe de télévision publique «collaborera pleinement à cette enquête (et) entend réserver ses explications aux autorités judiciaires».

«Détournement de fonds publics», «prise illégale d’intérêts», «faux en écriture public»

Selon Mediapart et une source proche du dossier, Jean-Christophe Tortora, président de La Tribune, devenu également depuis directeur général de CMA Média, est également convoqué. Contactée par l’AFP, son avocate, Olinka Malaterre, a indiqué qu’elle «ne ferait aucun commentaire sur l’affaire».

Il n’a pas été possible de joindre le couple Estrosi, mais la ville de Nice s’est refusée à tout commentaire. «La loi impose le respect du secret de l’enquête nécessaire à la sérénité des investigations qui serait compromise par toute forme d’instrumentalisation politique», a-t-elle indiqué dans une brève déclaration. Sollicité, le parquet de Marseille n’a pas répondu.

Les enquêtes, désormais regroupées en un seul et même dossier, sont notamment ouvertes pour «détournement de fonds publics», «prise illégale d’intérêts» ou encore «faux en écriture publique», comme l’avait indiqué le parquet de Marseille au Figaro. Le couple Estrosi «conteste avoir commis toute infraction».

Deux signalements à l’origine

Une première enquête avait été ouverte après un signalement d’élus écologistes niçois concernant le colloque sur l’environnement. Chroniqueuse depuis 2000 à Télématin sur France 2 et épouse de Christian Estrosi depuis 2016, Laura Tenoudji-Estrosi devait animer deux tables rondes lors du Nice Climate Summit, subventionné par la ville et la métropole à hauteur de 526.175 euros et co-organisé par La Tribune. Face à la polémique, elle y avait renoncé au dernier moment, la ville et la métropole assurant dans un communiqué qu’elle devait intervenir au colloque «à titre bénévole» et collaborait avec le média économique.

Concernant l’Eurovision Junior, l’enquête porte notamment sur le choix de confier à Laura Tenoudji le soin de coanimer la cérémonie d’ouverture de l’événement, alors même que la municipalité dirigée par son mari s’était montrée très généreuse pour l’accueillir, avec une subvention à hauteur de 605.000 euros.

La mairie de Nice et une «filiale» de France Télévisions avaient été perquisitionnées, le 3 avril dernier, dans le cadre cette affaire, comme l’avait révélé Le Figaro. Les enquêteurs revenaient pour la deuxième fois en mairie de Nice, où d’autres perquisitions avaient eu lieu le 14 novembre 2024 dans le cadre de cette affaire.