Par

Jean-Marc Aubert

Publié le

30 juin 2025 à 13h38

Nouvelle opération de blocage des sorties et des entrées du centre pénitentiaire de Villeneuve-lès-Maguelone, près de Montpellier, par les syndicats, ce mardi 1er juillet, dès 6h. La surpopulation récurrente explique ce mouvement spectaculaire.

« Ce que nous vivons à Villeneuve-lès-Maguelone n’est plus une difficulté, c’est un carnage organisé, avec 1 082 détenus (Ndlr : le 20 juin) pour une structure totalement saturée, du personnel épuisé, pressé jusqu’à l’os, une direction sans moyen d’action et une administration pénitentiaire absente », dénonce le syndicat FO.

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Et un des délégués locaux d’ajouter : « On ne va pas tourner autour du pot, on nous marche dessus, on se marche dessus, la coupe est pleine. Cela fait des mois que l’on alerte, que l’on supplie d’agir, qu’on expose nos cadences infernales. Mais rien n’y fait. Le surencombrement explose, la sécurité s’effondre, et le personnel en paie le prix fort. Nous refusons de continuer à encaisser pendant que l’administration nous jette des miettes. Les collègues sont à bout. Le climat est délétère. Chaque jour, on frôle l’irréparable ».

Et de prévenir : « Que l’on soit clairs, s’il n’y a pas au moins 50 transferts dans le mois, le blocage sera reconduit. Sans limite. Sans reprendre 50 écrous juste après. Nous avons été patients, nous avons été responsables, désormais, c’est terminé. On exige le transfert immédiat de détenus qui n’ont leur place ici, notamment tous les agresseurs de personnel de manière directe ou indirecte et de tous les profils criminels ou condamnés à une longue peine, ainsi que tous ceux sans attaches familiales, sans parloir. Plus un seul détenu avec une peine inférieure à 12 mois ne doit mettre un pied ici. Ceux sous bracelet, en semi-liberté, au SAS, peu importe, ils n’ont rien à faire dans notre centre de détention ».

Vidéos : en ce moment sur Actu« La situation empire »

Le syndicat Ufap-Unsa Justice réagit également : « Alors qu’un blocage de l’établissement est annoncé depuis le 20 juin 2025, les personnels de Villeneuve-lès-Maguelone subissent une fois de plus, et de plein fouet, les conséquences de la surpopulation carcérale et de la pénurie de personnel, qui alimentent conflits, promiscuité, trafics, violences et insécurité. Les agents exercent dans des conditions inhumaines et dangereuses : chaque jour, la situation empire malgré nos alertes et nos mises en garde régulières. Quand un seul surveillant fait le travail de trois, quand les personnels administratifs s’épuisent sous une charge croissante, quand les conseillers d’insertion et de probation sont noyés sous les dossiers fixes et tournants, alors, notre métier perd tout son sens, broyé par l’urgence, notre sécurité est mise en danger, les personnels trinquent pendant que le système vacille dans l’indifférence générale ».

Et d’énumérer les incidents de ce week-end : tentative de lynchage en promenade, bagarres, problème de cohabitation, refus de changement de cellule, violences morales et physiques, crachats, gestions des problèmes sanitaires avec toujours des punaises de lits et des cafards.

Exemple : ce samedi, les agents font face à un détenu qui a des problèmes de cohabitation avec deux co-cellulaires et qui refuse l’affectation dans une autre cellule. Il opposera une résistance violente aux injonctions, coups de poings, coups de pieds, insultes, crachats.
Lors de la distribution du repas au quartier disciplinaire, le même détenu charge les agents équipés de tenue pare-coups, occasionnant une fracture d’un doigt au surveillant équipé du bouclier d’intervention. Les drames sont évités seulement grâce au sang-froid, au  professionnalisme et au sens humain des agents ».

Une chaleur étouffante 

Une déléguée de l’Ufap-Unsa Justice confirme pourquoi le blocage sera total : « Nous revendiquons, plus de personnel, moins de détenus et une reconnaissance réelle du travail de femmes et d’hommes qui tiennent encore, au prix de leur santé et de leur sécurité, un système au bord de la rupture. Demain, il est hors de question d’annoncer un drame, il faut agir avant qu’il ne soit trop tard ». Une situation très difficile à gérer dans une chaleur étouffante à cause de cette période de canicule, dans des cellules surpeuplées.

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