Il y a 10 000 ans, le loup
terrible régnait sur les plaines nord-américaines. Plus massif que
le loup gris moderne, ce redoutable prédateur a disparu en même
temps que la majorité de la mégafaune glaciaire. Aujourd’hui, une
équipe de scientifiques tente de lui redonner forme — ou du moins
son apparence — grâce à l’édition génétique.
Les stars de ce pari audacieux
? Romulus, Remus et Khaleesi, trois louveteaux élevés par Colossal
Biosciences, une entreprise spécialisée dans les technologies
de « dé-extinction ». À six mois, les deux premiers affichent déjà
un poids supérieur de 20 % à celui d’un loup gris standard,
dépassant les 40 kg. Leur petite sœur, plus jeune, accuse elle
aussi une croissance bien au-dessus de la moyenne.
Des loups « terribles », mais
pas tout à fait
Malgré leur nom et leur
allure, ces animaux ne sont pas de vrais loups terribles.
Techniquement, il est aujourd’hui impossible de cloner une espèce
éteinte, faute d’ADN suffisamment intact. Ce que Colossal a réussi,
c’est une réinterprétation génétique : à partir d’embryons de loups
gris, les chercheurs ont modifié 14 gènes pour leur donner des
caractéristiques physiques similaires à celles de Canis dirus.
L’objectif affiché n’est pas
la pure reconstitution, mais le développement de technologies
capables d’aider à la conservation des espèces menacées. Pour
certains experts, comme le paléogénéticien Nic
Rawlence, parler de « dé-extinction » reste un abus de langage.
Mais chez Colossal, on revendique cette approche comme un outil au
service du vivant.
Un tremplin pour sauver les
espèces actuelles
Et ce n’est pas qu’un coup
médiatique. En parallèle des loups « terribles », Colossal a aussi
annoncé la naissance de quatre véritables loups rouges, une espèce
au bord de l’extinction avec à peine une vingtaine d’individus à
l’état sauvage. Contrairement aux louveteaux modifiés, ces clones —
baptisés Hope, Blaze, Cinder et Ash — sont génétiquement identiques
à l’espèce d’origine, clonés à partir de lignées fondatrices
soigneusement préservées.
Résultat : un gain de 25 % en
diversité génétique pour une espèce gravement menacée, une victoire
rare dans le domaine de la conservation.
Le rhinocéros blanc du Nord
en ligne de mire
Autre projet ambitieux :
sauver le rhinocéros blanc du Nord, dont il ne reste que deux
femelles incapables de se reproduire. En utilisant des ovules et du
sperme congelés, et en développant des embryons viables, Colossal
espère recréer des individus et les implanter dans des femelles de
l’espèce sœur du Sud.
Ce type d’effort, combinant
biotechnologie, conservation et innovation, pourrait bien redéfinir
notre façon de lutter contre les extinctions. Même si certaines
voix s’élèvent contre les risques éthiques et écologiques d’une
telle approche.