Par

Amandine Vachez

Publié le

30 juin 2025 à 16h50

À Seclin, sur un site de 9 ha, une « casse » nouvelle génération est ouverte. Elle revalorise entre 8 000 et 10 000 véhicules hors d’usage chaque année, pour revendre des pièces auto d’occasion. L’entreprise a emménagé sur un nouveau site plus vaste pour accueillir plus de véhicules, et modernisé son matériel pour produire plus efficacement… jusqu’aux véhicules électriques ! Alors que la ministre de la transition écologique visitait ce site exemplaire fin juin 2025, Manon Molins, sa directrice générale, parlait avec passion de son métier. Une histoire de famille, dont elle représente la 4e génération.

Le flambeau qui se passe… et se transforme

Manon Molins l’a indiqué dès son mot d’accueil aux nombreux visiteurs, lors de cette visite de la représentante du gouvernement : « L’entreprise a été fondée par mon arrière-grand-père il y a 80 ans ». Soit par Michel Molins en 1943. De casse auto à centre de revalorisation, le flambeau a été repris et a évolué avec les générations suivantes.

L’histoire née à Lille, dans un petit garage rue Armand Carrel, près du lycée Faidherbe, a migré vers deux sites du secteur : à Seclin et à Cuinchy. Puis récemment, sur un immense site à Seclin (mis en service en 2024), permettant de prendre le virage des véhicules électriques. En cela le centre est un exemple de modernité.

De père en fils, et en fille

De casse auto classique, le concept évolue dès les années 1970 sous la direction du fils de Michel Molins, Pierre, vers une spécialisation dans la récupération et la revente de pièces automobiles d’occasion.

Puis le centre se professionnalise pour devenir « producteur de pièces d’occasion », sous l’impulsion de Jean-Luc, le fils de Pierre. Jean-Luc Molins rejoint son père dans l’activité en 1978, avant de gravir les échelons. Dans les années 1990, il apporte sa vision, en fermant notamment l’accès au parc aux clients. Il professionnalise la filière, en imaginant vendre des pièces auto d’occasion, comme les concessionnaires en vendent des neuves. En 1993, il informatise les pièces de réemploi pour assurer leur traçabilité, avec un confrère, François Logeay, et multiplie au fil des ans les partenariats avec les assurances. Le chef d’entreprise se joint dans les années 2000 à une vingtaine de recycleurs français pour créer « le 1er réseau de la pièce d’occasion Caréco », dont il prendra plus tard la direction générale. La société devient, en 2007, Caréco Molins. L’entreprise migre à Seclin en 2011, avec l’acquisition du Créauto, qui permettra de passer d’un approvisionnement de 5 000 à 7 000 véhicules.

Voici le camion avec lequel le père de Manon Molins a circulé, à l'époque où les locaux étaient encore à Lille (Nord), rue Carrel.
Voici le camion avec lequel le père de Manon Molins a circulé, à l’époque où les locaux étaient encore à Lille (Nord), rue Carrel. ©Amandine Vachez

Manon Molins, la fille de Jean-Luc, est entrée à son tour dans l’entreprise en 2017, après un cursus à l’École supérieure de commerce et des expériences professionnelles chez des fabricants, constructeurs automobiles et le retail. Avec son père, ils nourrissaient l’ambition de quitter l’ancien site, faute de place et de créer un grand centre de recyclage auto moderne et, comme elle le dit, «  tourné vers l’avenir  ». Ce rêve devient leur objectif commun et se concrétise en 2020, avec l’acquisition du site de Seclin.

Convaincre de préférer des pièces d’occasion
Le nouveau site de Seclin (Nord), qui s'étend sur 9 ha, a permis à l'activité de se développer et de se moderniser. La direction a encore de belles ambitions.
Le nouveau site de Seclin (Nord), qui s’étend sur 9 ha, a permis à l’activité de se développer et de se moderniser. La direction a encore de belles ambitions. ©Amandine Vachez

En 2025, entre 300 et 400 colis partent chaque jour du nouveau site de Seclin. Des rétroviseurs, moteurs, de la carrosserie… Professionnels et particuliers commandent chez Caréco. Mais « le réflexe de la pièce d’occasion n’est pas encore démocratisé en France », tempère Manon Molins. Ce qui tend à évoluer. Elle explique : en plus de prix cassés (entre 50 et 70% moins cher que le neuf), les professionnels ont besoin d’y trouver leur compte : que les démarches soient aussi simples que pour l’achat de produits neufs. Les clients ont, eux, besoin d’être rassurés. « Nous avons un rôle à jouer, en termes de réemploi. Et nous avons de quoi convaincre : c’est vertueux, économique, et sûr. Toutes les pièces sont suivies, tracées, de A à Z, c’est une filière sérieuse », assure l’arrière-petite-fille du créateur de cette entreprise qui a su à la fois perdurer dans le temps, tout en prenant le virage de la modernité. Une belle success-story comme on les aime !

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