Par
Théo Zuili
Publié le
30 juin 2025 à 16h46
En tentant de trouver un compromis, la Métropole de Lyon s’est faite des ennemis des deux côtés. Pour schématiser, habitants pro-vélos et pro-voitures s’opposent dans le quartier de Saint-Just, dans le 5ᵉ arrondissement de Lyon. Aucun d’eux n’est satisfait de la manière dont a tranché le Grand Lyon. Explications.
La Métropole a tranché
La Métropole a acté ce 27 juin 2025 la décision finale qui change pour de bon le plan de circulation dans ce quartier des pentes de la colline de Fourvière, montée du Chemin Neuf et rue de l’Antiquaille.
La montée du Chemin Neuf restera fermée aux automobilistes tandis que la rue de l’Antiquaille repassera au double sens automobile dès la rentrée. Une décision prise devant les résultats d’une enquête détaillée dans notre précédent article et de neuf mois d’expérimentation.
Mais les deux blocs défendent chacun leurs acquis : aucun d’eux n’est satisfait de ce choix et chacun s’accuse sans le dire d’être responsable de ce compromis.
Les habitants polarisés
Une forte polarisation des habitants est observée dans le quartier et les émotions sont vives. Les Comités d’intérêt local accusent « des groupuscules ne représentant qu’eux-mêmes » de soutenir cette « mauvaise solution ».
Notamment, l’association Saint-Just Respire, créée pour « empêcher d’entendre seulement les oppositions », qui a même organisé une manifestation pour dire « non au retour du trafic routier ».
Mais pour les CILs, il y a d’un côté les « vrais habitants », attachés à leur liberté de circuler, et de l’autre, ce collectif minoritaire et présenté comme élitiste, idéologue, prêt à « privatiser » l’espace public au nom du vélo.
On accuse chacun d’arracher les banderoles ou de retirer les pétitions de l’autre. Les deux partis se reprochent le même tort : « Faire passer l’intérêt de quelques-uns avant l’intérêt général. » Et tous deux se présentent comme pluralistes, défendant un partage équitable de la route entre les différents modes de transport.
Les pro-voitures très en colère
Ceux pour qui il est hors de question de fermer la montée du Chemin Neuf dénoncent un manque de concertation et « un réel problème démocratique ». Ils réclament le rétablissement de la circulation automobile dans le sens de la descente sur le Chemin Neuf « dans les plus brefs délais ».
Pour ces CILs et conseils de quartier, la décision prise par la Métropole de Lyon va générer plus de pollution, « sacrifier la vie commerciale, l’indispensable liaison entre les quartiers » et « exclure toute une partie de la population ».
Ancien député et maire de l’arrondissement, Thomas Rudigoz (LREM) y voit un « jusqu’au-boutisme idéologique » et « l’abandon des commerçants et habitants de Saint-Just, Saint-Irénée et Fourvière ».
La coalition anti-vélos (dans ce cas de figure) dénonce la « confiscation d’une voie publique au bénéfice d’un seul mode de déplacement ». Elle revendique 4 000 signatures, partagées entre un format papier et en ligne, pour soutenir son avis.
Les pro-vélos pas satisfaits
Du côté de Saint-Just Respire et l’association de défense des cyclistes La Ville à Vélo, on félicite la pérennisation de l’interdiction de la voiture montée du Chemin Neuf en applaudissant un choix qui va dans le sens de 5 000 signataires revendiqués.
Des membres de Saint-Just Respire sur la montée du Chemin-Neuf, dans le 5e arrondissement de Lyon. (©Théo Zuili / actu Lyon)
Pour eux, la possibilité d’une réouverture était « criminelle » tant la cohabitation sur cette voie pentue est dangereuse.
En revanche, on critique vivement la réouverture de la circulation rue de l’Antiquaille, un choix jugé « désolant » et « un retour en arrière dangereux pour les cyclistes » qui ont pris l’habitude de circuler dans le quartier. Le collectif réclame « un vrai aménagement avec piste cyclable séparée rapidement sur la rue des Farges » pour sécuriser les usagers.
De son côté, la Métropole avance avoir tranché en se basant sur « les différentes données remontées » de l’expérimentation, choisie au terme des concertations débutées en 2023 et « après de nombreux ateliers et réunions associant l’ensemble des usagers des secteurs concernés ».
Les CILs, eux, ont « beaucoup de mal à prendre “l’étude”(sic) présentée comme sérieuse » en raison de ses conclusions et annoncent reprendre les données mises en avant. D’autres mobilisations pourraient avoir lieu.
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.