Pourquoi de plus en plus de Britanniques – jeunes parents, retraités ou entrepreneurs – envisagent-ils de quitter leur pays ? Le Financial Times brosse un tableau lucide : l’expatriation est devenue une échappatoire tant fiscale que sociale.

En cause : un cocktail de pression fiscale, d’explosion du coût de la vie et de perspectives en berne. Wolf, ingénieur logiciel de 30 ans, résume ainsi le dilemme vécu par de nombreux jeunes actifs :

“Nous devons choisir entre rester à Londres et avoir un deuxième enfant.”

Avec des loyers atteignant plus de 3 500 euros pour un deux-pièces et une charge mensuelle de 2 400 euros par enfant pour la garde, “tout cela sur des revenus nets d’impôts”, il constate : “On dirait que le gouvernement britannique veut que ce problème disparaisse. Eh bien, il pourrait avoir ce qu’il souhaite.”

Toutes les générations sont concernées

Cette lassitude fiscale s’étend à tous les âges. Les lecteurs interrogés par le quotidien évoquent l’injustice intergénérationnelle, le fardeau de l’impôt sur les plus-values, mais aussi une perte de confiance dans la stabilité réglementaire du pays. Un entrepreneur âgé de 62 ans envisage de partir à Dubaï ou à Lisbonne après avoir vendu son entreprise, malgré les réticences de sa femme : “Si je n’avais que moi à satisfaire, j’aurais déjà déménagé.”

Dubaï et Singapour séduisent les cadres à haut revenu, tandis que l’Italie attire les retraités fortunés grâce à son régime forfaitaire de 200 000 euros annuels exonérant les revenus étrangers de toute fiscalité. “Si les non-domiciliés restent plus de dix ans hors du Royaume-Uni, ils peuvent désormais éviter toute taxe sur la transmission de leurs biens étrangers”, explique Robert Salter, fiscaliste chez Blick Rothenberg.

Attention aux pièges

Mais l’expatriation comporte des pièges. L’instabilité de l’emploi dans le Golfe, les frais de scolarité ou de santé, et les risques de requalification fiscale sont omniprésents. Une lectrice résume :

“Les gens viennent à Dubaï à cause des émissions télé, mais ils ne comprennent pas les implications financières du style de vie d’expatrié.”

Enfin, l’aspect émotionnel freine nombre de projets. Plusieurs retraités évoquent les liens familiaux, les petits-enfants, ou la peur de perdre l’accès au système de santé britannique. “Trouver une solution qui rende ma femme heureuse, c’est le défi”, avoue un futur expatrié.

La tendance, pourtant, est là. Loin d’un simple “tourisme fiscal”, ce nouvel exode britannique reflète une inquiétude plus large : celle d’un pays que même ses citoyens les plus prospères ne reconnaissent plus.