Quelques mois à peine après la vague de haine visant Ebony dans la « Star Academy », TF1 et la société de production Endemol sont de nouveau confrontés à des accusations graves dans l’une de leurs émissions phares.
Cette fois, c’est l’émission Secret Story qui se retrouve dans la tourmente. Depuis plusieurs jours, les réseaux sociaux s’enflamment face à des séquences montrant des attitudes jugées oppressantes, voire racistes, à l’encontre de deux candidates, Romy et Anita. Mais comment une production peut-elle réagir lorsqu’une situation de harcèlement survient dans un programme d’enfermement ?
Une ambiance toxique dans la Maison des Secrets
Tout est parti d’extraits massivement relayés sur TikTok et X, montrant les candidates Marianne, Constance et Célia tenir des propos hostiles à l’encontre de Romy et Anita. Moqueries, isolement, regards appuyés… Pour de nombreux internautes, les images traduisent un mécanisme d’exclusion bien rodé. Certains dénoncent un véritable harcèlement moral, alimenté par des sous-entendus racistes. Une pétition en ligne a d’ailleurs réuni près de 5.000 signatures, appelant à « arrêter le harcèlement que subissent Romy et Anita ».
Des signalements ont également été envoyés à l’Arcom, l’autorité de régulation de l’audiovisuel. Une séquence en particulier, où Anita s’effondre en larmes après avoir été mise à l’écart, a provoqué un tollé. Dans ce contexte, la production ne pouvait plus rester silencieuse.
Une réaction rapide mais encore timide ?
Ce samedi, la traditionnelle « Voix de la Maison » a laissé place à celle de Valérie Jaunard, productrice du programme. Dans une prise de parole inédite, diffusée sur les réseaux sociaux et adressée directement aux candidats, elle a rappelé les règles du jeu : respect, bienveillance, sécurité. « Nous ne tolérerons pas les comportements qui iraient à l’encontre de ces valeurs et nous n’hésiterons pas à intervenir pour prendre des mesures disciplinaires ou, si nécessaire, une exclusion du jeu », a-t-elle prévenu.
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Les candidates concernées ont été convoquées pour des entretiens individuels. Le présentateur Christophe Beaugrand après avoir fait part des signalements sur les réseaux sociaux à la production, a lui aussi réagi sur X : « La haine ne doit être nulle part et envers personne ». La production en a profité pour rappeler que le harcèlement ne se limite pas aux murs de la Maison : certains internautes s’en sont également pris violemment aux candidates accusées, avec des propos sexistes ou haineux. Endemol a annoncé qu’elle signalerait toute campagne ciblée à la justice.
Une mécanique ancienne, longtemps tolérée
Le harcèlement dans la télé-réalité ne date malheureusement pas d’hier. Un exemple marquant reste celui de 2016 dans « Les Anges », sur NRJ12. Des candidats s’en étaient violemment pris à Aurélie Preston. Prétexte : une histoire de ménage. Intimidations, moqueries, matelas jeté par la fenêtre. Aurélie Preston, en détresse, avait fini par sombrer dans une dépression, allant jusqu’à une tentative de suicide.
Depuis, d’autres langues se sont déliées. Angèle Salentino a ouvert une brèche en dénonçant le harcèlement subi et a été suivie par d’autres anciennes candidates. Toutes décrivent les mêmes mécanismes, les mêmes dynamiques de groupe, les mêmes silences complices. Des comportements qui, aujourd’hui, ne passeraient plus à l’antenne.
Comme l’a justement rappelé la journaliste Marion Mariani au micro de Zoom Zoom Zen sur France Inter : « Les productions ont laissé faire pendant des années. Elles ont utilisé la naïveté de jeunes femmes pour faire de l’audience, et ont donné un sentiment de toute-puissance à certains candidats. Pendant que les jeunes femmes étaient humiliées, les productions, elles, sont passées entre les mailles du filet et n’ont jamais été jugées responsables. »
Aujourd’hui, « Les Anges » n’existent plus. NRJ12 non plus. Mais les cas d’acharnement, eux, ne semblent pas avoir disparu.
Un racisme de plus en plus décomplexé ?
Le compte militant @tetonsmarrons a documenté les séquences récentes, en les qualifiant de « misogynoir glaçante ». Blagues douteuses, stéréotypes raciaux, remarques violentes (comme cette séquence où Théo interrompt Anita au moment où elle s’apprête à répondre à la question « quel est ton film préféré ? », en lançant « Case départ » – comédie évoquant la traite négrière – ou encore cette attaque de Constance accusant Romy de « faire la gangster ») forment un enchaînement de micro-agressions racistes.
« Le rappel à l’ordre n’évoque ni le harcèlement, ni la misogynoir », déplore le post. Une omission qui, selon de nombreux internautes, entretient un sentiment d’impunité. Ces violences ne sont pas sans rappeler celles vécues par Ebony dans la Star Academy. À une différence près : dans le cas de Romy et Anita, ces attaques n’ont pas lieu sur les réseaux, mais directement dans le cadre du jeu, face caméra, sans filtre.
Faut-il exclure les candidats harceleurs ?
Si aucune sanction officielle n’a été annoncée, la menace d’une exclusion a été formulée. Dans un jeu d’enfermement, où les tensions sont amplifiées par la promiscuité et la compétition, la ligne entre stratégie et harcèlement est mince. Si de plusieurs candidats et candidates ont déjà été exclues pour des comportements de violence physique, les violences morales semblaient moins déranger les productions.
Mais aujourd’hui, les chaînes ne peuvent plus se contenter de gérer ces crises en coulisses : tout se joue aussi en direct, sur les réseaux. Le public observe, commente, archive. Face à ces dérives, les productions vont-elles oser aller plus loin ? Des exclusions en cas de comportements inacceptables pourraient-elles devenir la norme ? La réponse pourrait bien déterminer l’avenir du genre tout entier.